samedi 30 juin 2012
Accident mortel de Villiers-le-Bel
C’est ce vendredi que s’est ouvert au tribunal de Pontoise (Val d’Oise) le procès de Franck Viallet, policier de la BAC (Brigade anti-criminalité) âgé de 35 ans, accusé d’« homicide involontaire ».
Franck Viallet, c’est ce policier qui, le soir du 25 novembre 2007,
en compagnie de trois collègues, était au volant du véhicule de police
qui a percuté la mini-moto – non conforme pour circuler sur route,
dépourvue de freins et d’éclairage, et circulant à une vitesse
supérieure à la limite autorisée – sur laquelle étaient montés Moushin
et Lakamy. Deux « jeunes » adolescents doublement en infraction, qui ne
portaient pas de casque et qui n’avaient pas respecté une priorité à
droite. D’où une collision mortelle pour les deux « jeunes » avec la
voiture de police conduite par Franck Viallet.
Un accident qui avait embrasé Villiers-le-Bel pendant trois jours.
Trois jours d’émeutes et de face à face entre « jeunes » et forces de
l’ordre. Une flambée de violences au cours de laquelle une centaine de
policiers avaient été pris pour cible et blessés par des tirs à balles
réelles. Tout un quartier à feu et à sang. Un quartier en état de…
guerre. Une guérilla au cours de laquelle un commissaire avait également
été passé à tabac par des « jeunes » d’une sauvagerie extrême avec
lesquels il tentait de parlementer. Une curée.
En réponse à ces nuits rouge de Villiers-le-Bel, à l’issue d’une
vaste opération de police le 18 février 2008, 27 personnes avaient été
mises en examen. En octobre 2011, trois « jeunes » avaient été condamnés
en appel à des peines de 3 à 15 ans de réclusion pour avoir ouvert le
feu sur les forces de l’ordre. Deux d’entre eux avaient été acquittés…
Des peines de prison de un à trois ans ferme avaient également étaient
prononcées en première instance, en juillet 2009, contre dix « jeunes »
accusés de jets de projectiles sur la police. Deux d’entre eux ont eu
leur peine allégée en appel.
Près de cinq ans après le drame, c’est aujourd’hui la peau d’un flic qui est mise dans la balance.
Alors que les premiers éléments d’enquête, rassemblés par le parquet
de Pontoise et la « police des polices », avaient écarté la
responsabilité des policiers dans la mort des deux « jeunes » et que le
juge d’instruction Magalie Tabareau avait conclu, le 23 octobre 2009, à
l’absence de responsabilité des policiers impliqués dans l’accident, en
ordonnant un non-lieu le 7 avril 2010 la chambre de l’instruction de la
cour d’appel de Versailles avait donné raison à l’avocat des familles,
Jean-Pierre Mignard (qui avait fait appel), en infirmant le non-lieu et
en ordonnant un supplément d’information. Six mois plus tard, Franck
Viallet a finalement été mis en examen puis renvoyé devant le tribunal
correctionnel de Pontoise en septembre 2011, pour « homicide
involontaire ».
Et c’est lui, aujourd’hui, qui est livré en pâture et « mis à mort ». D’autant plus qu’il aurait fait un… « faux témoignage ».
Selon un rapport d’expertise, Franck Viallet aurait roulé trop
vite : 64 km/h au lieu des 50 km/h autorisés en ville, sans gyrophare ni
avertisseur. La belle affaire ! Certes, la collision mortelle est un
drame. Reste que les deux « jeunes » inconscients, eux, étaient
hors-la-loi sur toute la ligne (mini-moto non homologuée pour circuler
sur la voie publique, pas de freins, pas d’éclairage, non respect de
priorité à droite, pas de casques…). Qu’importe ! C’est le policier qui
trinque et qui doit payer les pots cassés. Il risque une peine de trois
ans de prison et 45 000 euros d’amende. On aurait aimé qu’il y ait eu
autant de sévérité pour les émeutiers, casseurs et tueurs potentiels de
flics qui n’ont aucune excuse. Mais ça, c’est une autre histoire…
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