TOUT EST DIT

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mercredi 20 juin 2012

Objectif perchoir : les vraies raisons du combat pour le poste de Président de l’Assemblée Nationale

Le 26 juin, les députés élisent le président de l’Assemblée Nationale. Au PS, la course au perchoir a déjà commencé. Ségolène Royal et Jack Lang éliminés, Claude Bartolone, Jean Glavany ou encore Elisabeth Guigou sont en lice. Course au pouvoir ou juste à la planque ?

Comment expliquer que le poste de Président de l'Assemblée soit si convoité ?

Didier Maus : Il s'agit d'un très haut poste de la vie constitutionnelle de la République. Le président de l'Assemblée nationale est non seulement le 4e personnage de l'Etat par son rang protocolaire, mais surtout le président de l'assemblée qui représente la volonté générale du peuple français, majorité et opposition  confondues. Il ne s'agit pas véritablement d'un poste de responsabilité politique de premier plan, à la différence du Premier ministre et des membres du Gouvernement, mais le président de l'Assemblée joue un rôle essentiel dans la circulation de l'accord politique entre le Président de la République, le Premier ministre et la majorité parlementaire qui les soutient.
Il y a également un véritable prestige attaché à la fonction, par exemple en recevant les chefs d'Etat étrangers en visite d'Etat ou en mettant ses moyens à la disposition de grandes causes culturelles ou humanitaires en faveur des Droits de l'homme.
Il est très difficile de dresser un profil type du président de l'Assemblée nationale. Certains sont élus en raison de leurs fonctions antérieures (Jacques Chaban-Delmas en 1958, 1978 et 1986 ou Laurent Fabius en 1988 et 1997), d'autres en raison de leur positionnement politique et de leur fidélité à la majorité (Philippe Séguin en 1993, Raymond Forni en 2000, Jean-Louis Debré en 2002, Bernard Accoyer en 2007).

Compte tenu du profil des candidats passés, qui est favori ?

Impossible de répondre à cette question. Il y a des facteurs politiques, des facteurs personnels à l'intérieur du groupe socialiste et des nécessairement des contacts discrets avec le Président de la République et le Premier ministre.

Quels sont les avantages liés à la fonction ?

Le président de l'Assemblée nationale bénéficie d'une indemnité fonction particulière. J'en ignore le montant.
Il y a surtout la chance (le privilège?) de pouvoir travailler, recevoir et, si nécessaire, habiter à l'Hôtel de Lassay, résidence officielle du président. Il s'agit d'un superbe hôtel du XVIIIe siècle, avec de magnifiques salons de réception, un agréable petit jardin et une vue imprenable sur la Seine. Le président de l'Assemblée nationale dispose d'une des très belles résidences des autorités publiques, du même niveau que le Palais de l'Elysée, l'Hôtel de Matignon pour le Premier ministre ou le Petit Luxembourg pour le président du Sénat. Les présidents de l'Assemblée nationale ont toujours pris soin de bien entretenir les bâtiments, de les moderniser et d'y faire les travaux de restauration découlant de leur caractère historique. Il ne fait aucun doute que cet hôtel et sa grande galerie, qui le relie au Palais Bourbon, lieu de travail de l'Assemblée nationale, symbolise parfaitement un certain art de vivre à la française.

Comment ce rôle a-t-il évolué ?

Le président de l'Assemblée nationale dispose d'abord de prérogatives constitutionnelles (il est consulté sur la dissolution ou la mise en oeuvre de l'article 16 sur les pouvoirs exceptionnels; il nomme 3 membres du Conseil constitutionnel et peut le saisir).  Il fait partie des institutions de la République. Il bénéficie également de très nombreux pouvoirs en tant que premier responsable de l'Assemblée nationale. Le plus visible est la présidence des séances importantes ou solennelles, mais sa connaissance des procédures parlementaires, son sens du dialogue et du bon sens sans oublier, parfois, une véritable autorité confèrent à sa fonction une véritable originalité. Il est un membre de la majorité, mais doit faire en sorte que l'opposition ou les groupes minoritaires trouvent leur place légitime à l'intérieur du débat politique. Il est, ainsi, de tradition que le président de l'Assemblée ne participe aux scrutins sauf pour la responsabilité politique du Gouvernement en début de législature ou dans des occasions très fortes. Lorsqu'il souhaite s'exprimer en tant que député, ce qui est rare, il quitte le "perchoir" et prend la parole soit de son banc, soit à la tribune comme ses 576 collègues.
Son rôle concret, souvent discret, dépend largement des circonstances politiques,  de sa personnalité et de celles des autres responsables de la majorité, par exemple le président du groupe majoritaire. Il est en tout cas plus un relais qu'un inspirateur.

Le Président de l'Assemblée peut, depuis la réforme constitutionnelle de 2008, soumettre une proposition de loi à l’avis du Conseil d'État ou demander la réunion d’une commission mixte paritaire dans le cas d’une proposition de loi. Ce pouvoir législatif est-il exercé dans les faits ? Même question pour les prérogatives constitutionnelles (nommer 3 membres CC, 2 membres CSM).

La demande d'avis du Conseil d'Etat a fonctionné (environ 5 cas). Pour la convocation des CMP j'ai l'impression que cette procédure n'a pas eu l'occasion de fonctionner, mais je n'en suis pas certain.
Il est évident que le président de l'Assemblée nationale procède à toutes les nominations dont il a la charge (Conseil constitutionnel, Conseil supérieur de la magistrature, Conseil supérieur de l'audiovisuel, ... ). il doit désormais faire avaliser son choix par la commission compétente de l'Assemblée. Nul n'imagine qu'il puisse survenir un conflit.

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