TOUT EST DIT

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jeudi 14 juin 2012

Le Front anti-FN en train d’imploser ?


Dans un entretien au Télégramme de ce mercredi, Marine Le Pen estime que « le mur anti-FN » est bien défoncé : « Il a implosé. Ne serait-ce qu’avec la consigne donnée par l’UMP qui a enterré ce qu’ils appelaient le “front républicain”. (…) Maintenant, ils ont évolué sous la pression de leurs électeurs et de leur base. Une très grande majorité des électeurs UMP se sentent plus proches de nos options alors que la plupart des dirigeants de l’UMP se sentent plus proches des socialistes. »
Le bureau politique de l’UMP a opté lundi, en vue du second tour des législatives, pour le ni FN, ni gauche, au motif que le PS « fait alliance avec le Front de gauche » selon les termes de son secrétaire général, Jean-François Copé. Nous avons dit hier l’inanité et la stupidité de cette fausse symétrie entre les prétendus extrémismes de droite et de gauche. Il n’empêche qu’elle constitue à sa manière un « moindre pire » par rapport à l’affligeante stratégie chiraquienne de s’allier jusqu’à la gauche extrême pour faire barrage au Front national !
Les ténors du PS, dont le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, ne s’y sont pas trompés qui dénoncent cette nouvelle tactique, accusant grossièrement la « droite » de se préparer à conclure une « alliance » avec le FN et à rompre le cordon sanitaire instauré de longue date autour de ce bouc émissaire : « Bien sûr, ils y vont par petites touches, mais ce “ni-ni” c’est une rupture avec ce qui s’est passé depuis très longtemps », a-t-il fustigé. Alors que Jacques Chirac n’avait « pas transigé avec cela », le chef du gouvernement a reproché à l’UMP de « lâcher » sur ces principes imposés par la gauche à la droite en une funeste praxis en faveur de la gauche. « C’était en marche avec Nicolas Sarkozy mais là l’UMP est en train de franchir un cap », a-t-il déploré.
Au retour d’un déplacement pour soutenir Ségolène Royal (voir l’article de Jean Cochet sur « les filles de La Rochelle » !), la première secrétaire du PS Martine Aubry a tenu des propos similaires. Là où Jacques Chirac « avait mis des digues » avec le Front national, Nicolas Sarkozy « a mis des passerelles » : « Et ce qui se passe depuis le comité politique de l’UMP hier, qui ne choisit pas entre le FN et le Parti socialiste, est extrêmement grave », a affirmé sans rire le maire de Lille. Dans son collimateur, le candidat UMP des Bouches-du-Rhône Roland Chassain, qui s’est exprimé auprès de l’hebdomadaire Minute et a retiré sa candidature pour soutenir le Front national contre Michel Vauzelle. Mais aussi l’ancienne ministre Nadine Morano, qui en appelle (en raison de valeurs communes) « aux voix du FN » dans ce même journal, lequel (après, déjà, le fameux entretien avec Gérard Longuet), « devient le journal officiel de l’UMP », dénonce Martine Aubry.
Interrogée sur l’appel de Nadine Morano aux électeurs du FN à voter pour elle, Marine Le Pen répond leur laisser une liberté totale : « Je ne soutiendrai pas madame Morano. Je laisse la liberté totale à mes électeurs. (…) Ce sont des citoyens à part entière, ils sont donc aptes à décider ce qui est le mieux pour leur circonscription. » Dans le cadre de la réciprocité (en réponse à Chassain), le FN cependant s’est officiellement retiré dans une des 32 circonscriptions où il est présent en triangulaire, dans les Pyrénée-Orientales. Mais Marine Le Pen a condamné l’attitude de sa candidate dans la 5e circonscripition du Vaucluse (Carpentras- Nord), Martine Furioli-Beaunier, qui s’est retirée d’elle-même d’une triangulaire pour « faire barrage à la gauche ». En revanche, après sa demande au siège du FN, ce dernier a approuvé le choix de sa candidate éliminée dans la 9e circonscription de Loire-Atlantique, Marguerite Lussaud, d’appeler à voter pour le député sortant UMP, Philippe Boënnec, qui avait demandé son soutien. Affirmant notamment son opposition au droit de vote des étrangers et au mariage homosexuel, celui-ci avait déclaré : « Sur ces valeurs-là, sur les valeurs de société, nous partageons plus de choses en commun avec le FN qu’avec le PS. » C’est ce qu’on appelle un front patriotique qui est le contraire de la discipline républicaine.
Tandis qu’Henri Guaino, ex-conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, a critiqué les « leçons » de la gauche, le député Jean-Paul Garraud (Droite populaire), s’est interrogé sur la pertinence du maintien d’un cordon sanitaire (sanitaire pour qui ?) : « Les gens ne font plus la différence entre les partis au sein du bloc de droite. » Même si les gros dirigeants de l’UMP (Coppé, Fillon Juppé…) font encore gauchement de la résistance à droite, leur dérisoire « ni-ni » montre déjà un signe de faiblesse : oui, si le mur anti-FN (construit par la gauche avec la collaboration des « idiots utiles » de la droite piégée) n’a peut-être pas encore implosé, il est bien en train de se démolir…

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