samedi 9 juin 2012
Le bras de fer Merkel-Hollande
La France s’apprête à entrer en récession alors que l’Allemagne
revoit à la hausse sa prévision de croissance. Présentés le même jour,
les rapports de la Banque de France et de la Bundesbank résument
douloureusement (pour nous) le décrochage qui s’accélère entre Paris et
Berlin.
Les chiffres ne laissent aucune illusion à ceux qui
pensent que François Hollande peut sortir vainqueur d’un bras de fer
avec Angela Merkel ! Or, bras de fer il y a. Hollande l’a engagé, comme
promis, en réclamant la mutualisation des dettes des pays de la zone
euro et l’intervention de la BCE pour aider les pays en difficulté.
Angela
Merkel reste droite dans ses bottes : c’est « nein », et le retour
partiel à la retraite à 60 ans en France renforce la détermination de la
chancelière. Mutualiser les dettes française et allemande reviendrait à
faire financer en partie la mesure par Berlin, alors même qu’en
Allemagne l’âge de départ est progressivement reculé à 67 ans ! Plus le
gouvernement français se montrera dépensier, plus son homologue allemand
se rigidifiera dans l’intransigeance. Angela Merkel se dit, non sans
raison, que si elle lâchait du lest, les Français en profiteraient pour
s’éloigner encore plus de l’équilibre budgétaire – les promesses
coûteuses ne manquent pas au sein du gouvernement Ayrault. Sans compter
qu’un « geste » de sa part décomplexerait également les électeurs grecs,
leur ôtant toute inhibition à voter, le 17 juin, pour la gauche
radicale Syriza, qui réclame la continuation du versement des aides
européennes tout en promettant l’arrêt des efforts de redressement
internes.
Angela Merkel a anticipé une victoire de Syriza et le
chaos grec qui s’ensuivrait en évoquant une Europe à plusieurs vitesses.
Elle oblige ainsi ses partenaires à choisir entre l’explosion de l’euro
– que personne ne souhaite – et un engagement à long terme pour
construire une Union plus politique et plus solidaire, mais également
plus intrusive dans les affaires de ses membres. Sa position est claire :
« Qui m’aime me suive ! »
Le couple franco-allemand s’est
distendu en même temps que l’équilibre économique entre les deux pays
s’est rompu. L’Europe est désormais une famille monoparentale, et c’est
Angela Merkel qui porte la culotte. Bon gré, mal gré, ceux qui en auront
la force la suivront. Y compris Paris.
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