samedi 9 juin 2012
DSK, victime du retour de la police morale
Plus d'un an après le début de
l'affaire du Sofitel, Dominique Strauss-Kahn est plus que jamais sous le
feu des critiques. Jean-Paul Brighelli, auteur de "La société
pornographique", y voit un retour à l'ère de l'hypocrisie et du
puritanisme exacerbé.
Jean-Paul Brighelli : Je ne crois pas que cela soit de l’hypocrisie. Je
pense que notre époque, peut-être car nous sommes à la fois dans une
période d’ultra libéralisme et de crise, cultive deux talons d’Achille
en même temps. L’un est la pornographie et l’autre le puritanisme le
plus éhonté. Ce sont d’ailleurs deux sentiments qui sont partagés à droite comme à gauche.
Les
gens qui s’en vont ostensiblement parce que Dominique Strauss-Kahn est
invité à un anniversaire me font littéralement gerber. DSK a eu
le tort d’être un libertin assumé dans une époque qui ne pouvait que
récuser le libertinage, soit au nom de la pornographie franche et
pécuniaire soit au nom du puritanisme.
Les
puritains ont toujours été des obsédés. Et vice versa, je me demande si
parmi les obsédés, il n’y a pas des puritains qui sommeillent. Il est
évident que pour assumer complètement la sexualité, il faut savoir
transformer ses fantasmes en désirs. Pour ne pas avoir de fantasmes, il faut d’un coté avoir fait la paix avec sa propre sexualité et de l’autre avoir récusé toutes les hypocrisies.
L’hypocrisie génère du fantasme, tout comme d’ailleurs la pornographie
qui, sous couvert de combler les fantasmes, ne peut qu’en générer
d’autres à force de frustration.
Dominique
Strauss-Kahn a vécu comme il l’a voulu, baisé qui il a voulu. Je sens
une jalousie chez tous ces contempteurs de libertinage qui me laisse
doucement rigoler.
Il
en existe une en Arabie Saoudite qui s’invite régulièrement chez les
particuliers. Ici, c’est plus feutré, moins officiel. Jamais l’époque
n’a été aussi normative. Nous somme en retrait, en régression manifeste, par rapport à la façon dont on vivait dans la deuxième partie du 18eme siècle. Nous avons 250 ans de retard !
Nous avons désormais un président normal, il est donc logique que nous ayons une société orthonormée.
Les deux sont assez drôles à regarder de l’extérieur, mais seulement de
l’extérieur. Je pense que qui que ce soit qui prendrait au sérieux
l’imposition de normes dans la société actuelle se ferait drôlement
« chier ».
Je
ne crois pas. Il y a beaucoup d’hommes qui adhèrent aux formes les plus
outrancières du féminisme. Je tiens à rappeler une chose, ce
sont les libertins du 18eme siècle, Pierre Choderlos de Laclos par
exemple, qui ont élaboré les thèses féministes les plus avant-gardistes
que l’on puisse imaginer. La 81eme lettre des « liaisons
dangereuses » représente le plus grand manifeste féministe qu’il soit.
Les chiennes de garde peuvent aller se rhabiller !
Le
libertinage a toujours défendu les femmes comme il défendait les
hommes. Il défend l’humain ! Les gens qui commencent à dire « les
hommes », « les femmes », qui veulent des quotas et qui trouvent
intelligent de mettre autant de ministres femmes que de ministres hommes
sans se demander si les unes ou les autres sont compétents, me font
également vomir.
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