Pour Philippe Tesson, la majorité à venir n'a rien d'homogène. Pour gouverner, Hollande devra trahir soit ses alliés, soit ses idées.
samedi 9 juin 2012
Hollande sur le fil du rasoir
Pour Philippe Tesson, la majorité à venir n'a rien d'homogène. Pour gouverner, Hollande devra trahir soit ses alliés, soit ses idées.
Pour Philippe Tesson, la majorité à venir n'a rien d'homogène. Pour gouverner, Hollande devra trahir soit ses alliés, soit ses idées.
L'enjeu des élections législatives est capital pour François Hollande.
Depuis un mois, le nouveau président ne gouverne qu'en fonction de
cette échéance. Gouverner n'est pas le mot : on ne gouverne réellement
que lorsqu'une majorité parlementaire est en place. Et les quelques
décisions qu'a prises François Hollande ces dernières semaines, les mots
qu'il a prononcés, les signes qu'il a envoyés n'ont répondu qu'au seul
souci de peser sur le corps électoral dans le but de s'assurer la
majorité la plus large. On ne s'en scandalisera pas : la méthode est
classique. Ce qu'on veut dire, c'est qu'on ne peut inférer de ce qui a
été fait jusqu'à présent aucune conclusion sur ce que sera sa politique.
Celle-ci sera déterminée par ce qui sortira des urnes au soir du second
tour. C'est pourquoi nous parlons d'un enjeu capital.
Or il apparaît possible, sinon probable, si l'on en croit les
dernières estimations, que la majorité à venir ne sera pas homogène. Il y
a des diversités dont les différents éléments sont compatibles. Il en
est d'autres qui sont difficilement conciliables. C'est le cas dans la
situation présente, si elle se vérifie. Le projet du PS s'inscrit dans une tradition sociale-démocrate. Celui du Front de gauche
est de nature révolutionnaire. Celui des Verts dessine une nouvelle
gauche en rupture totale, sur quelques points essentiels, avec le
programme présidentiel. Et au sein même du PS, des divergences profondes
perdurent, notamment sur l'Europe, qui fragilisent sa cohésion.
Cette hétérogénéité serait gérable si la période que nous traversons
était normale, pour employer un mot à la mode. Elle ne l'est pas. La
crise et l'état de la France
vont exiger des mesures radicales. François Hollande va rapidement se
trouver devant une alternative : ou gouverner avec autorité, au risque
de mettre en péril l'unité de sa majorité, et c'est la crise politique,
ou gouverner à force de compromis, au risque de remettre en cause ses
propres objectifs, et c'est l'échec de sa politique.
C'est dire l'étroitesse de la marge de manoeuvre dont dispose le
nouveau président pour gouverner et pour imposer ses choix. Cela est une
chose. Autre chose : la légitimité de ses choix, qui n'est pas le
moindre sujet d'inquiétude. Ainsi s'ouvre, dans cette double
incertitude, le quinquennat Hollande.
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