TOUT EST DIT

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vendredi 3 février 2012

Fillon ne cède rien à Aubry

Jeudi soir sur France 2, le premier ministre a livré avec la première secrétaire du Parti socialiste un duel courtois, axé sur l'économie.

«M. Fillon» et «Mme Aubry» ont choisi de débattre à fleurets mouchetés. Pas de grandes chevauchées idéologiques, pas de grands discours sur l'état du monde. Martine Aubry, candidate contrariée à l'investiture lors de la primaire socialiste, venait jeudi défendre les couleurs de François Hollande dans «Des paroles et des actes». Tout comme Alain Juppé, longtemps présenté comme le présidentiable de la majorité, était venu défendre celles de Nicolas Sarkozy face à François Hollande. Et tout deux ont préféré l'approche technocratique pour tenter de déstabiliser leur adversaire.

Martine Aubry n'a pourtant pas réussi à faire bouger le premier ministre, pas plus qu'Alain Juppé, malgré son ascendant, n'avait su mettre en échec le candidat socialiste. Mais contrairement au ministre des Affaires étrangères, la première secrétaire du Parti socialiste, n'a pas choisi l'attaque frontale. Prudente, précautionneuse même, Martine Aubry a engagé un échange guindé sur le terrain du déficit budgétaire. Débat tatillon qui s'est immédiatement perdu dans des méandres complexes fait d'additions et de soustractions auxquelles les téléspectateurs n'auront sans doute pas compris grand-chose.

L'occasion pour François Fillon, tout de même, de s'indigner un peu: «Au fond je suis blessé quand j'entends dire que nous avons favorisé les riches, c'est d'une grande injustice», s'est-il ému, non sans efficacité. «Quand vous étiez ministre, le capital était imposé de 10 points de moins», a-t-il réagi. «Nous avons pris des décisions sur les stock-options, les retraites chapeaux, ce que vous n'avez jamais fait».

Apparemment, Martine Aubry, plus tendue que le premier ministre, n'avait pas envie de provoquer «l'habile» Fillon, épithète homérique qu'elle a employé à plusieurs reprises. Elle a ainsi salué le «magnifique hommage» du premier ministre à Philippe Seguin, qui fut le mentor de François Fillon, dont elle a salué l'héritage.

Mais le compliment de Martine Aubry s'accompagnait de la seule question vraiment politique de cet échange: le «républicain» Fillon cautionnait-il les «passerelles construites par M. Sarkozy avec l'extrême droite?», a-t-elle demandé, en donnant l'exemple du «du ministère de l'Identité nationale, du discours de Dakar, et l'expulsion des Roms». «Je ne peux pas vous laisser dire cela, c'est juste faux», a réagi François Fillon, en expliquant «qu'un homme d'État doit prendre des décisions claires», et assumer la lutte contre l'immigration illégale venue de Roumanie et en rappelant le récent succès de la diplomatie sarkozienne en Côte d'Ivoire.

Au total, le débat courtois s'est déroulé dans un esprit de «construction de compromis» à l'allemande. Martine la rouge, qui a soigneusement gauchi son discours depuis qu'elle dirige le parti socialiste, est soudain redevenue la fille de Jacques Delors. Face à elle, François Fillon, avec sa fibre d'héritier du gaullisme social, était plus un partenaire qu'un adversaire. «Je vous connais et je sais que vous avez beaucoup de tempérament», a glissé François Fillon, sans se départir d'un ton courtois. «Mais vous parlez trop et je ne peux pas montrer mon tempérament !», a avoué Martine Aubry, soudain désarmée. Une façon de reconnaître qu'elle n'arrivait pas à se mettre en colère

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