TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mardi 17 janvier 2012

Et si la faillite de la Grèce était LA solution ?


Vendredi, alors que Standard & Poor's se préparait à annoncer la dégradation de la France, les négociations sur la dette grecque tournaient au vinaigre. La Grèce, qu'on aurait presque oubliée, risque de nouveau de faire défaut.

Ce qu'il y a de bien avec la crise européenne, c'est que c'est sans fin.

Que s'est-il passé ?

Vous vous souvenez qu'en novembre dernier, les banques qui avaient prêté de l'argent à la Grèce acceptaient gracieusement une décote de 50%. Ce qui signifiait que si elles avaient prêté 100 euros à l'Etat grec, elles acceptaient – avec le sourire – de n'en retrouver que 50 à la fin du prêt.

En pratique, elles doivent échanger les obligations grecques qu'elles détiennent contre de nouvelles obligations à 30 ans et d'un taux d'intérêt (le coupon) inférieur.

Cette opération dite de haircut doit permettre à la Grèce d'effacer près de 100 milliards d'euros de dettes.

D'où l'importance d'accepter de perdre avec le sourire
L'acceptation des banques est fort importante : elle doit éviter une faillite désorganisée – du moins sur le papier. Les dirigeants européens ont essayé de faire croire aux marchés que :
1. la Grèce ne faisait pas faillite ;
2. ce n'était pas un accident de crédit mais un abandon volontaire de créance.

L'important était de ne pas déclencher les assurances contre le risque de défaut de la Grèce, les CDS (credit defaut swap) qui ne s'enclenchent qu'en cas d'accident de crédit. Or une décote volontaire n'est pas considérée comme un défaut.

Ces CDS sont détenus par des banques européennes mais vendus par les banques américaines. Or ces dernières n'ont ni l'envie ni la santé financière de sortir sans sourciller ces milliards.

Voilà donc ce qui était prévu sur le papier.

Quelques semaines plus tard, cette mascarade vole en éclat.

Crispation autour d'un coupon
Vendredi dernier, les banques et autres créanciers particuliers de la Grèce (fonds de pension, fonds d'investissement, etc.), répondant aussi au doux nom de PSI (private sector involvement), ont quitté la table des négociations.

Le coeur du problème : cette fameuse décote évidemment. Ou plutôt le taux d'intérêt des nouvelles obligations. Le secteur privé penche pour 5%, le FMI pour 2% et les gouvernements européens pour 4%. Or ce n'est pas un point de détail : selon le taux d'intérêt fixé, la réduction de dettes pourrait atteindre 80%. On comprend donc pourquoi le secteur privé s'accroche à ses points de pourcentage – et qu'il ait quitté la table des négociations la semaine dernière.

Le problème est qu'un accord doit être trouvé rapidement. La Grèce est censée rembourser 14,5 milliards d'euros de dettes en mars prochain. Milliards qu'elle n'a évidemment pas. Le FMI doit donc fournir à la Grèce de quoi faire face à ses créanciers. Mais avant de payer, le Fonds préférerait que les conditions de la restructuration de la dette grecque soient acceptées par toutes les parties concernées.

Que va-t-il se passer ? Il y a de grandes chances qu'un accord soit finalement trouvé. Mais c'est un signe de plus que la restructuration de la dette grecque ne va pas si bien se passer que cela. Jusqu'à quand les banques vont-elles accepter d'oublier l'argent que la Grèce leur doit ?

Faut-il laisser la Grèce faire faillite ?
Et surtout, ces tergiversations risquent de rendre plus séduisante la perspective d'un vrai défaut de la Grèce.

Pourquoi ?

Pour l'opinion publique allemande, la perspective d'un défaut – et même d'une sortie de la zone euro de la Grèce – présente certains avantages. N'oubliez pas que l'Allemagne se sent maintenant bien isolée au sein de l'euro : elle est un des seuls pays à avoir conservé son AAA.

La dégradation récente de la note française pèse, comme nous l'avions prévu, sur la note du Fonds européen de stabilité financière. Hier, Standard & Poor's a dégradé le FESF, de AAA à AA+. Ce qui va limiter sa capacité d'emprunt et donc d'action. Comme le rappelle Le Figaro, l'agence de notation avait prévenu qu'à moins que l'Allemagne augmente sa participation financière au FESF, celui-ci serait dégradé dans la foulée de la France.

Là encore, cette décision augmente les crispations allemandes. Nos voisins d'outre-Rhin n'ont aucune envie de sauver à eux seuls la zone euro.

Pour certains investisseurs privés (comme les fonds d'investissement), une telle solution impliquerait le déclenchement des CDS – ils pourraient donc retrouver une plus grande partie de leur argent.

Ne reste donc plus que les banques. Evidemment, elles préféreraient ne pas avoir à payer ces CDS. Mais au pire, que feraient-elles ? Les banques européennes iraient chercher des liquidités supplémentaires auprès de la BCE. C'est ce qu'elles font depuis le début de la crise : elles échangent des dettes pourries ou douteuses contre de la liquidité auprès de l'Institution de Francfort.

Tout cela pour quoi ?
Si vous n'êtes pas encore convaincu de la nécessité de préparer votre portefeuille à ce que nous réserve les semaines et les mois qui viennent, voici une dernière information d'importance.

Même si les investisseurs privés acceptent la décote de 50%, la dette publique grecque atteindra toujours 120% du PIB en... 2020 !

0 commentaires: