TOUT EST DIT

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mardi 17 janvier 2012

Le Royaume-Uni redoute d'être le prochain pays à perdre son AAA

La dégradation, par Standard & Poor's (S&P) de neuf membres de la zone euro, dont la France, inquiète le Royaume-Uni. Sur le thème : l'île d'Albion sera-t-elle la prochaine sur la liste des pays qui perdent leur triple A ?

De fait, l'une des faiblesses invoquée par l'agence américaine de notation à l'appui de sa décision d'abaisser la note de la France d'un cran est l'anémie de la croissance. Ce même critère pourrait mettre en péril le maintien du AAA britannique, sésame garant de sa solvabilité qui lui permet de s'endetter à bas coût.
Londres s'inquiète de voir ses partenaires européens mettre en cause la légitimité de son AAA. Après les attaques récentes de Paris sur son économie, l'Allemagne a, à son tour, attaqué. Ainsi, pour Michael Fuchs, numéro deux du groupe parlementaire de la CDU, la formation politique de la chancelière Angela Merkel, "si l'on veut être cohérent, il faudrait aussi dégrader le Royaume-Uni" dont la dette et le déficit budgétaire structurel sont plus élevés qu'en France.
A lire le rapport alarmiste publié ce week-end par le cabinet comptable Ernst & Young, la reprise économique outre-Manche est "paralysée" par la crise de la zone euro qui absorbe deux cinquièmes des exportations du royaume. Le document prévoit une récession au dernier trimestre 2011 et au premier trimestre 2012.
Tout en applaudissant la cure d'austérité draconienne poursuivie sans relâche par Londres, les agences de notation s'inquiètent des perspectives peu réjouissantes de croissance. Les exportations et l'investissement du secteur privé n'ont pas pris le relais de la consommation et des dépenses publiques, affectées par la crise. La productivité est pénalisée par la baisse des crédits bancaires aux petites et moyennes entreprises, moteurs traditionnels de l'innovation et de la création d'emplois ainsi que par la réduction du budget de la formation professionnelle.
La politique de la Banque d'Angleterre - qui fait marcher la planche à billets et achète sans retenue de la dette souveraine britannique - milite pour sa part pour le maintien du AAA. Mais, l'injection de liquidités par l'institut d'émission présente des risques d'aggravation d'une inflation déjà élevée, à 4,8 % pour l'heure.
Comme le fait remarquer Liam Halligan, économiste auprès du gestionnaire de patrimoine Prosperity Capital Management, à cette dette officielle s'ajoutent les engagements, selon ses propres termes, "cachés" de l'Etat britannique : le poids des retraites dans le secteur public et la facture des projets défaillants du partenariat privé-public.
Il cite également le coût colossal de la nationalisation de plusieurs banques et organismes de prêts hypothécaires, dont Royal Bank of Scotland et Lloyds, à la suite de la crise financière de 2008-2009. Et à voir la vente au rabais de Northern Rock à Virgin Money, les revenus tirés de la cession future des établissements publics pourraient être bien inférieurs aux prévisions optimistes du Trésor.
Enfin, l'agence Moody's a publié fin décembre 2011 une mise en garde sur le triple A du Royaume-Uni, en raison, notamment, de la montée du déficit budgétaire et de la croissance quasi nulle (Le Monde du 23 décembre 2011).
Reste que malgré ces nuages, Richard McGuire, analyste obligataire auprès de la Rabobank, est persuadé que l'économie britannique garde deux atouts de poids pour conserver le AAA : "Sa propre devise et une politique fiscale crédible."

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