TOUT EST DIT

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jeudi 6 octobre 2011

Pour les économistes, la Grèce, déjà en récession, ne peut faire plus de rigueur

Engluée dans la récession, minée par un chômage qui frappe plus de 16 % de sa population active, la Grèce peut-elle supporter de nouveaux sacrifices ? Ne risque-t-elle pas de mourir guérie ? Le message de la "troïka", la délégation formée par les équipes du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque centrale (BCE) et de l'Union européenne, ne laisse pas croire autre chose : pour déboucler la prochaine tranche d'aide de 8 milliards d'euros et éviter la banqueroute, le pays doit faire davantage d'efforts. Mais en est-il capable ?

"Ajouter de l'austérité à la Grèce dans le contexte actuel ne fait pas de sens", tranche Natacha Valla, économiste chez Goldman Sachs. Depuis mi-2010 en échange d'un soutien financier de 110 milliards d'euros au total auquel s'ajoute depuis juillet la promesse de 160 autres milliards, Athènes s'est déjà imposé un remède de cheval : un plan d'économies de 28 milliards d'euros pour réduire le déficit public de 12 points de produit intérieur brut (PIB) en cumulé d'ici à 2015. L'objectif : éponger la dette de 350 milliards qui étrangle le pays, assainir les finances et rendre l'économie plus compétitive.
Problème, l'Etat, déjà réputé pour son laxisme budgétaire, n'a pas respecté ses engagements. Le déficit dérape (il devrait atteindre 8,5 % du PIB en 2011 contre 7,4 % prévu) et les privatisations traînent. Sur les 50 milliards d'euros de ventes d'actifs publics programmées d'ici à 2015, seules 1,7 milliard auraient été réalisées à fin septembre. Bilan ? "Ça n'a pas été fait", constate Shahin Vallee économiste au centre Bruegel de Bruxelles.
Athènes aurait donc encore un peu de "gras" pour justifier des mesures additionnelles. Au total selon la presse locale, la "troïka" réclamerait 9 milliards d'euros d'économies en 2011 et 2012 au lieu des 6 milliards initialement programmés ainsi que de nouveaux efforts en 2013 et 2014.
Peu importe la révolte populaire qui gronde, comme en atteste la journée de grève de mercredi 5 octobre. L'Irlande, ne s'est-elle pas, elle aussi, imposée une cure d'austérité avec succès ? Après trois ans de souffrances la petite république renoue depuis le début de l'année avec la croissance.
CONSOMMATION EN BAISSE
Mais qu'elle soit ou non fautive de n'avoir pas mené à bien les réformes attendues, la Grèce pourrait, de l'avis de la plupart des économistes, ne pas être en mesure de faire de nouveaux efforts. Le remède pourrait donc s'avérer inutile, si ce n'est criminel. Selon les experts de Goldman Sachs, amplifier encore la rigueur, hypothéquerait la croissance jusqu'en 2013 !
"Ce qui a pu fonctionner dans d'autres pays comme l'Argentine (qui a fait défaut sur sa dette fin 2001) à d'autres moments ne s'applique pas au cas grec", souligne Jesus Castillo, économiste spécialiste de la zone euro chez Natixis.
Les efforts réclamés jusqu'ici - d'une ampleur sans précédent au sein de zone euro - ont, de fait, entraîné le pays dans une spirale récessive plus importante que prévue. Le PIB grec, que le FMI voyait se contracter de 3,5 % en 2011, devrait en fait perdre 5,5 %, à en croire les nouvelles prévisions du gouvernement grec. Pour les économistes de Barclays la richesse nationale pourrait même être réduite de 5,8 %.
Résultat, au lieu de se résorber la dette ne fait qu'enfler. De 127 % du PIB en 2009, la créance d'Athènes est passée à 143 % en 2010, et devrait franchir la barre de 160 % en 2011. En 2012 ce ratio progressera encore selon Oddo. "Le FMI a mal apprécié l'impact sur la croissance du programme d'ajustement grec", observe M. Vallee.
En cause ? L'environnement international qui s'est dégradé, ajouté aux graves faiblesses du pays. En ces temps de rigueur, la consommation des Grecs s'est étiolée, trop et trop vite. Les salaires ont baissé (de 40 % pour certains fonctionnaires) quand le taux de chômage progressait de mois en mois. De 7,2 % fin 2008, il a bondi à 16,1 % en juin.
Les recettes fiscales ont mécaniquement fondu tandis que les dépenses sociales (assurance chômage..), qui n'ont pas été coupées, ont augmenté.
Côté exportations, le bilan n'est pas meilleur. Le déficit de la balance commerciale reste supérieur à 11 % du PIB. La Grèce, déjà peu performante avant la crise, est bloquée : partout dans le monde la croissance s'étiole et ses partenaires européens mettent eux aussi en place des plans de rigueur.
Comment sortir de l'impasse ? Laisser plus de temps à Athènes ou gommer une partie de la dette, répondent les experts. Il faut imposer un "hair cut ", une réduction du montant nominal de la créance grecque de l'ordre de 50 % à 60 %, et obliger les créanciers à enregistrer leurs pertes, estime notamment Mme Valla. "Malheureusement on y arrive très lentement", observe-t-elle.

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