TOUT EST DIT

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jeudi 6 octobre 2011

Le défaut de la Grèce pourrait ne pas être aussi catastrophique qu'on le répète

Les derniers préparatifs en vue d’un sauvetage de la Grèce oublient les calculs élémentaires qui montrent que ce sauvetage constitue la dernière chance de survie de la Grèce dans la zone euro.
La bonne nouvelle réside dans le fait que le défaut éventuel de la Grèce ne serait pas si grave contrairement à ce que l’on essaie de nous faire croire. Après ce nouveau plan de sauvetage, la dette publique grecque restera insoutenable. Car le rapport entre les taux de croissance et les taux d’intérêt réels est aujourd’hui à des niveaux de non retour qui nous conduisent droit au défaut. Faisons l’hypothèse que la Grèce fasse défaut. Non seulement cela pourrait sauver l’Europe mais aussi, cela ne couterait pas grand-chose à la Grèce. Voici 5 raisons de penser qu’un défaut de la Grèce, accompagné (ce qui n’est pas automatique) d’une sortie de la zone euro ne serait pas si catastrophique que cela :  
1.                  Premièrement, le défaut grec est inévitable : la question n’est plus de savoir si c’est nécessaire mais comment faire. A titre d’information, le défaut est d’ailleurs déjà dans les termes de la proposition du package de sauvetage du 21 juillet dernier (en attente de ratification par les parlements nationaux), où les créditeurs privés sont supposés accepter une perte de 21%. Ici, la restructuration est une façon déguisée d’organiser un « défaut sélectif » et de limiter la panique des marchés financiers.
2.                  Deuxièmement, les investisseurs s’y préparent de plus en plus à ce défaut et l’ont déjà intégré dans le cours des obligations publiques grecques. La Grèce a été dans une spirale infernale ces dernières années, et aujourd’hui les bons publics grecs à un an dépassent 100% d’intérêt. C’est bien la preuve que les anticipations du défaut de la Grèce ont déjà été intégrées par les investisseurs. Pourquoi s’inquiéter du défaut de la Grèce, puisque de toutes les façons les investisseurs ont déjà intégré ce scenario ? Il n’y aura pas davantage de panique après la sortie de la zone euro de la Grèce.  
3.                  Troisièmement, le programme de sauvetage de la Grèce, tel qu’il est conçu aujourd’hui, ne fonctionne pas : le niveau de sa dette est hors de contrôle depuis le premier programme de sauvetage de mai 2010, et la situation du pays n’a fait qu’empirer. Avec ce niveau de dette, la contagion est risquée, le meilleur moyen est de sortir la Grèce de cet espace de contagion économique et sociale, car si économiquement la Grèce ne peut plus se refinancer sur les marchés financiers, menaçant par la même la stabilité de la zone euro, sur le plan social ce n’est guère mieux (point suivant)… 
4.                  Car en effet, personne ne croit en la réalisation du programme de la Troïka. La Grèce échoue à chaque fois. La réalité est que l’ajustement demandé est tout simplement irréalisable mathématiquement, et intenable socialement. C’est peut être un des arguments clés du sauvetage de la zone euro, plutôt que celui de la Grèce. En effet, la zone euro, en dépensant des sommes importantes pour la Grèce insolvable, pourrait utiliser cet argent pour sauver des pays récupérables à court terme comme l’Espagne ou l’Italie. Pour l’instant, elle ne le fait pas parce qu’elle est exclusivement centrée sur la Grèce, et sur des montants astronomiques au regard des moyens de l’Europe, mais dérisoires au regard des besoins de la Grèce. Ensuite, les plans d’austérité ont été à l’origine de tensions sociales significatives et inquiétantes, qui menacent de nombreux pays en Europe. Or, exiger plus des Grecs, c’est aussi exiger plus de tous, avec le risque systémique de révoltes sociales à très court terme, alors que des solutions plus viables pour tous, comme le défaut accompagné d’une sortie de la zone euro, seraient possibles.
5.                  Enfin, les réfractaires du défaut de la Grèce n’imaginent pas les conditions nécessaires et préalables à la sortie de la zone euro. Il ne s’agit pas d’une sortie à coups de pied. Des conditions préalables sont nécessaires : renégociation avec les créanciers, détermination d’un nouveau serpent monétaire européen, d’une parité des changes. Ce point mérite une clarification dans la cacophonie actuelle sur ce sujet : la majoration de la dette externe n’a pas réellement d’importance puisqu’elle ne sera pas remboursée, et la dévaluation après la sortie de la zone euro lui permettra de retrouver la compétitivité externe et la croissance. On pourrait imaginer une dévaluation initiale de l’euro avant la sécession à la parité Euro - Dollar ! Ensuite après la sortie de l’Euro, la Grèce pourrait dévaluer sa monnaie nationale d’un montant équivalent ! Dans les conditions de réussite de la séquence « dévaluation de l’Euro - sécession - dévaluation du drachme »,  il y a aussi la détermination de cette parité objective Euro - Dollar de sortie qu’il ne faut pas oublier.
Finalement plutôt que de faire des demi-choix, une demi Europe et un demi défaut, pourquoi ne pas envisager sereinement la possibilité de sortir la Grèce de la zone euro pour peut être la réintégrer plus tard ?

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