TOUT EST DIT

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jeudi 6 octobre 2011

Dexia : le contribuable au guichet

C'est entendu, Dexia n'est pas une banque comme une autre. C'est même une sorte de mouton à cinq pattes. Un établissement atypique, sans guichets et sans clients apparents, qui ne peut être comparé aux majors du secteur, BNP, Crédit Agricole et Société Générale. Il n'empêche, la faillite de Dexia est un nouvel avatar inquiétant des dérives bancaires, une très mauvaise nouvelle pour tout le monde : ses clients, les marchés, les autres banques et les contribuables.

Les grandes banques de dépôt pourront toujours jurer qu'elles ne font pas le même métier, que ce mouton noir ne fait pas partie de la famille. Elles auront beaucoup de mal à effacer de la photo ce « cousin » encombrant qui était sur la même ligne de départ qu'elles, au dernier « stress-test », ce contrôle de résistance imposé aux établissements bancaires européens. Mieux, Dexia a franchi cet obstacle avec brio, comme la très grande majorité des concurrents. Et c'est bien ça le problème.

Nos banques nous rassurent à bon compte, celui de propos souvent anesthésiants et celui de tests peu crédibles, déconnectés des vrais risques de faillite. Bref, derrière la banque franco-belge, on peut légitimement se demander s'il n'y a pas quelques autres brebis bancaires affaiblies qui sont passées au travers des tests... Mais qui n'échapperont peut-être pas aux griffes des marchés.

On peut le craindre d'autant plus que les banques ayant pignon sur rue sont loin de s'être racheté une vertu, malgré les promesses tenues la main sur le portefeuille, au coeur de la dernière crise économique. L'affaire du trader « fou » de la banque suisse UBS vient opportunément nous rappeler qu'on n'est pas à l'abri de nouvelles affaires « Kerviel ». Les courtiers plus ou moins bien contrôlés sont toujours là, les pratiques spéculatives encore actives. Comme sont revenues certaines rémunérations sans frein. Alors que nombre d'entrepreneurs de PME et de TPE se désolent de ne plus trouver de banquier ouvert à qui parler. Cherchez l'erreur.

Malgré les injonctions des politiques, les banques n'ont sans doute pas vraiment (suffisamment) changé. Pour une raison assez simple et un rien cynique d'ailleurs. Elles savent que l'État ne les lâchera jamais, parce qu'elles fournissent le sang financier sans lequel l'économie ne fonctionne plus. Le problème c'est que l'État, faut-il le rappeler, c'est le contribuable. Et pour le coup, l'affaire Dexia devient très révélatrice et emblématique. Elle montre avec éclat qu'on ne pourra pas, cette fois, servir aux citoyens la fable d'une crise bancaire qui ne leur coûte rien. Voire qui rapporte à l'État, via les intérêts des prêts salvateurs accordés aux banques pour les soutenir dans l'urgence de la crise !

Au fond, c'est le retour à la case Crédit Lyonnais. Souvenez-vous, au moment de sa débâcle, le ministre de l'Économie nous jurait que ça ne coûterait pas un centime au contribuable. On sait ce qu'il en est advenu. Bis repetita. Le sauvetage de Dexia aura un coût amer pour le contribuable. Voilà donc une nouvelle qui n'est bonne pour personne, et surtout pas pour Nicolas Sarkozy. Il avait pourfendu avec éclat, mais sans succès, les comportements de la banque et de la finance au G20 de Londres en 2009. L'histoire lui ressert le plat des faiblesses et des turpitudes bancaires pour « son » G 20 made in France début novembre. Pas sûr qu'il apprécie ce menu imposé.

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