Après une nouvelle semaine agitée en Bourse et avant des décisions capitales sur la Grèce...
Que faire face à la chute des Bourses et au pilonnage des valeurs bancaires? Lorsque les rumeurs de défaut de la Grèce gagnent en crédit et que les dissensions sont telles au sein de la Banque centrale européenne qu’elles poussent à la démission son économiste en chef, l’Allemand Jürgen Starck? À Marseille, ces deux derniers jours, les ministres des Finances du G7 et les banquiers centraux ont martelé leur confiance envers le système bancaire européen et juré que les banques étaient à l’abri d’un krach… L’Allemagne, pourtant, plancherait sur un plan de sauvetage pour parer à un défaut grec. À Paris, l’Élysée et Matignon suivent désormais de très près le sort de la Société générale. Le massacre des banques en Bourse rappelle, séance après séance, leur fragilité. La crise des dettes souveraines, qui pèsent sur leurs bilans, confirme que la solution est politique et européenne. Passe-t-elle par une nationalisation, comme le soutiennent plusieurs experts, le moyen radical de sauver les maillons les plus faibles de la planète finance?
"Les banques ont besoin d’être recapitalisées et le seul acteur qui puisse les aider, c’est l’État". Le nouveau vent de panique qui a soufflé vendredi sur le secteur bancaire semble donner raison à Marc Fiorentino, expert des marchés. La Société générale a de nouveau fait les frais de l’inquiétude ambiante, son cours clôturant la semaine à – 13,8 % tandis que les autres valeurs bancaires chutaient de plus de 7 %. Pour le PDG de Monfinancier.com, une intervention radicale s’impose. "Elle doit prendre la forme d’une participation de l’État au capital des banques françaises de l’ordre de 30 %". L’expert chiffre le coût de la mesure entre 50 et 100 milliards d’euros. Pour la financer, la France pourrait emprunter en recourant au besoin au fonds de stabilité européen. Cette nationalisation ne suffira pas. Elle doit s’accompagner d’un recentrage des activités bancaires sur le financement de l’économie et non plus sur la spéculation financière. "Elles nous ont menti en 2008 et nous ne savons pas aujourd’hui si elles cachent d’autres bombes toxiques dans leurs bilans".
René Ricol, ancien médiateur du crédit : "L’urgence, les protéger de la spéculation"
Tous les banquiers parisiens, dont Frédéric Oudéa, patron de la Société générale, seront à New York mardi pour rencontrer des investisseurs internationaux. Un rendez-vous de longue date qui prend maintenant une importance capitale. De nouveaux chiffres –rassurants– seront diffusés à cette occasion. Suffiront-ils à calmer les Bourses et les gérants d’actifs qui font plonger les cours? "Il est impossible de rester sans réagir face aux attaques dont fait l’objet la Société générale. Il faut d’urgence arrêter les spéculateurs qui jouent sur tous les marchés : matières premières, obligations, comme actions des sociétés cotées", insiste René Ricol. Pour lui, la qualité des fondamentaux des banques françaises et ceux de la Société générale en particulier sont sains. "Il existe une batterie d’outils pour protéger un établissement : une garantie publique ou la mise à disposition de financements par des organismes gouvernementaux", ajoute-t-il. Coût de l’opération? Jusqu’à 10 milliards d’euros, selon plusieurs experts qui ont regardé le dossier. L’économiste Élie Cohen avance d’autres pistes : une augmentation de capital, une intervention du Fonds européen de stabilité ou l’entrée au capital d’un fonds souverain. "Sans un tsunami financier avec des défauts grec, italien ou espagnol en cascade, il n’y a pas de raison de nationaliser".
Georges Pauget, fondateur d’Économie, finance et stratégie : "Cela n’a pas de sens aujourd’hui"
La faillite de l’État grec peut encore être évitée. "Tout comme une intervention de l’État en faveur des banques françaises. Cela n’a pas de sens aujourd’hui", plaide Georges Pauget. Pour l’ancien patron de l’une des plus grandes banques françaises, le Crédit agricole, aujourd’hui à la tête du cabinet de conseil Économie, finance et stratégie, parler de nationalisation, même en cas de défaut grec, est excessif. L’exposition totale des établissements français à la Grèce se chiffre à environ 8 milliards d’euros. Soit ce qu’elles gagnent en un semestre. La solution, selon Pauget? "Un apport en garanties, sur le modèle de ce qui a été fait en 2008, permettrait de restaurer la capacité d’emprunt des banques".
François Hollande, candidat à la primaire socialiste : "En cas de défaut grec, l’État doit entrer au capital"
En pleine campagne des primaires socialistes, François Hollande ne veut pas verser dans l’idéologie des années Mitterrand. Mais il n’exclut pas une mesure de sauvegarde. "S’il advenait qu’il y ait un défaut de la Grèce et que les banques soient amenées à constater des pertes, il y aurait un appel à l’État, comme cela s’est produit dans la crise des subprimes. Dans ce scénario, à la différence de 2008, je recommanderais que l’État ne prête pas aux banques mais prenne une participation à leur capital", déclare-t-il au JDD. Un scénario où l’État deviendrait un actionnaire minoritaire et se retirerait en cas de retour à meilleure fortune. Pour Jean-François Copé, le secrétaire général de l’UMP, la méthode est dépassée : "Il existe des techniques sophistiquées qui permettent d’éviter la nationalisation". Les banques françaises sont exposées à un défaut de paiement de certains pays. "À ce stade, ce risque n’existe pas. Nous devons tout faire pour empêcher que les banques ne se trouvent en cessation de paiements pour protéger l’épargne des Français. En 2008, le gouvernement leur avait fait des avances remboursables. Ce dispositif a protégé les banques et l’argent des Français, tout en ne coûtant rien au contribuable. Au contraire, les banques ont payé les intérêts dus à l’État".
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