TOUT EST DIT

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lundi 12 septembre 2011

Économie : le grand dérèglement

Au terme du G7 « marseillais » des argentiers des pays riches, conclu sur des engagements aussi fortement affichés qu'ils sont flous sur leurs moyens de mise en oeuvre, la semaine et les mois à venir s'ouvrent sur des perspectives incertaines, pour ne pas dire chahutées. La Bourse, le révélateur caricatural des dérèglements de la planète libérale, n'est sans doute pas prête à retrouver de sitôt sa sérénité. Tant les signaux cumulés confirment qu'il n'y a pas de vrai pilote dans l'avion de l'économie mondiale, alors que les moteurs tournent au ralenti, que l'emploi est en panne, et que des bombes potentiellement ravageuses (Grèce, banques) restent à désamorcer. Encore heureux qu'il n'y ait pas, pour l'heure, une fronde généralisée des citoyens.

La réponse internationale « forte et coordonnée » promise par le G7 ne doit guère faire illusion. Ce que la rencontre de Marseille a d'abord illustré, ce sont les dissensions profondes de la gouvernance mondiale face à la crise financière et économique. Il y a bien un océan entre le choix américain du soutien coûteux à la relance et la volonté germano-européenne de privilégier l'apurement des dettes publiques. Ce qui augure mal de l'efficacité du prochain G20 made in France, dans le droit fil, il est vrai, d'un déclin quasi continu des sommets à 20, depuis celui de Londres en avril 2009. Cimentée hier par la peur d'un effondrement généralisé, la foi collective s'est délitée avec le retour en trompe-l'oeil de la croissance. Peut-elle renaître de la menace réapparue ?

Pour ne rien arranger, le pilotage européen lui-même laisse toujours autant à désirer. Ce n'est pas un hasard si les Bourses ont dévissé sur la simple annonce de la démission du chef économiste de la banque centrale européenne. En d'autres temps, cela aurait été anecdotique. Or là, les marchés ont immédiatement compris que la défection de Jurgen Starck signait une énorme réticence de l'Allemagne à voir la BCE, dont elle est le pilier, à payer pour les mauvais élèves de la zone euro. Difficile de leur donner tout à fait tort. Même si la France et l'Allemagne vont afficher, ce jeudi, des propositions communes sur la gouvernance européenne. Une nouvelle fois, dira-t-on, c'est bien ça le problème.

Ces inconséquences et ces défaillances du pilotage européen et mondial pourraient s'avérer très dangereuses pour une économie mondialisée qui avance sur le fil du rasoir. Le ralentissement général de la croissance - y compris dans les pays émergents - n'est pas un fantasme de boursier. C'est une donnée réelle qui produit du chômage et de l'angoisse, et qui peut faire exploser les deux bombes suivantes.

En Grèce, il est de plus en plus évident que l'équation de base « peu d'État, peu d'impôts » (et réciproquement) mène le pays au défaut de paiement. Au-delà de la nouvelle visite de la troïka de contrôle des comptes (FMI, BCE, UE), il est sans doute temps de se préoccuper d'un plan B, d'une alternative à un plan de redressement grec qui ne semble plus crédible. Pour l'autre bombe, bancaire, la situation est d'autant plus embrouillée que les banques françaises se font massacrer en Bourse malgré leurs assurances réitérées de bonne santé. Sans doute récoltent-elles les fruits amers d'une politique de non-transparence ou de crash test déconnectés des risques réels. De là à les recapitaliser dare-dare, voire les nationaliser, il y a un grand pas ! La fureur de la Bourse est souvent mauvaise conseillère.

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