TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 12 septembre 2011

Les États devront-ils voler au secours des banques ?

Les investisseurs ne cessent d'attaquer depuis plusieurs jours les valeurs bancaires exposées par la crise de la dette.

Chaque jour qui passe, surtout quand il est marqué comme vendredi par un coup de bambou en Bourse, met un peu plus de pression sur les banques. Les États européens devront-ils, comme en 2008, les aider? Aucune réponse certaine n'existe. Car ceux qui, à la tête de l'État, des banques et des banques centrales, ont une idée précise de la gravité de la situation ne parlent pas ou tiennent des discours lénifiants pour ne pas ajouter de la crise à la crise. Ceux qui ne sont pas aux affaires évoquent plus librement des scénarios de crise. Comme Ségolène Royal qui, samedi, a déclaré sans vergogne que «les banques vont sans doute redemander l'aide de l'État (…) sans doute dans la semaine».
• Pourquoi les banques auraient-elles besoin d'argent public?
Deux écueils les guettent potentiellement. Le premier serait l'assèchement complet de leurs ressources: les banques ont besoin d'emprunter sur les marchés pour financer leurs activités. Mais la crise des dettes d'État en Europe dissuade de plus en plus de prêteurs. L'éviction du marché dont ont été successivement victimes les établissements grecs, irlandais et portugais, puis espagnols et italiens, semble désormais gagner l'ensemble de la zone euro. Certes, les banques s'adaptent, en empruntant à plus court terme, en «coupant» leurs positions pour économiser leur cash et, enfin, en se procurant de l'argent frais à la Banque centrale européenne. Mais ces solutions ne sont pas pérennes et certaines banques européennes se retrouvent aujourd'hui en situation de grande fragilité sur le front de la «liquidité».
Le deuxième danger qui menace les banques, ce sont les pertes qu'elles pourraient avoir à encaisser du fait du ralentissement économique et de la crise des dettes d'État, la menace la plus immédiate étant celle de la dette grecque. Selon la presse allemande, Berlin prépare d'ailleurs un plan de soutien public au secteur financier, activé en cas de faillite de la Grèce.
• Toutes les banques auront-elles besoin d'aide?
Il est probable que certaines banques auront besoin d'aide. Le défi sera alors de circonscrire l'incendie. Dans le climat actuel de stress, l'annonce d'un sauvetage peut créer une crise systémique, les investisseurs achevant de ne plus prêter à aucun établissement, les épargnants préférant retirer leurs avoirs. En 2008, les États avaient mis en œuvre des plans d'aide extensifs, noyant dans la masse les cas des banques les plus fragilisées. Cette fois, essaimer large pourrait être contre-productif car cela accréditerait la thèse que l'on prépare l'ensemble du secteur bancaire à un choc majeur sur la dette souveraine. «Comme si les politiques envoyaient le signal qu'ils ne croient pas à leurs propres mesures» de sauvetage de la zone euro, relevait la semaine dernière le patron de la Deutsche Bank, Josef Ackermann.
• Quelle forme l'aide pourrait-elle prendre?
Pour les banques qui en ont besoin, l'idéal serait de se recapitaliser sur fonds privés. Fin juillet, deux banques grecques ont aussi annoncé une fusion rendue possible par une injection de fonds… du Qatar. Mais, sauf exception, les États européens seront bien en première ligne. Ce qui pose deux problèmes. Le premier est financier: certains pays déjà fragilisés risquent d'avoir du mal à porter des bilans bancaires parfois équivalents à leur PIB. La solution pourrait venir du Fonds européen de stabilité financière (FESF). L'accord européen du 21 juillet dernier - qui n'est pas encore validé par les parlements nationaux - prévoit qu'il puisse assumer cette mission.
Le deuxième sujet est politique: les opinions publiques accepteront-elles de «sauver» encore une fois les banques? «Seulement si elles paient beaucoup plus cher qu'en 2008 le capital qui leur est fourni et l'argent qui leur est prêté», répond un politique pour qui: «Un sauvetage justifierait aussi de nouvelles exigences en matière de rémunérations, de renouvellement des dirigeants et de séparation des activités.»
• Les banques françaises sont-elles en première ligne?
Les banques françaises, qui avaient plutôt bien traversé la crise de 2008-2009, sont plus chahutées par celle de 2011. Leur expansion en Europe, notamment en Grèce et en Italie, est devenue une faiblesse. Elles sont aussi assez consommatrices de liquidités sur les marchés pour deux raisons: leur modèle «universel» en fait des acteurs significatifs dans la banque d'investissement, et la structure du marché de l'épargne a déporté celle-ci vers l'assurance-vie et les OPCVM plutôt que dans les bilans bancaires. À ce panorama s'ajoutent les faiblesses réelles ou supposées de chacune: une grosse dépendance aux financements de marché chez Dexia, une réputation entamée et de fortes positions de marché à la Société générale, une filiale grecque au Crédit agricole…

0 commentaires: