TOUT EST DIT

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mercredi 14 septembre 2011

Réformer les banques ? Pas avant 2019...

La réforme des banques britanniques vise à éviter que le contribuable ne soit de nouveau obligé de les renflouer. Mais, d'ici à sa mise en œuvre, de nouvelles crises ont largement le temps d'éclater.
 
Pour les observateurs de la crise bancaire, les jours qui viennent marqueront deux anniversaires : celui de la ruée des clients de Northern Rock, en septembre 2007 [la banque britannique a été nationalisée l'année suivante], et celui de la faillite du géant américain Lehman Brothers, le 15 septembre 2008. Cet effondrement a déclenché la crise qui devait finalement contraindre le contribuable britannique à renflouer les banques du pays [Royal Bank of Scotland (RBS) et Lloyds Banking Group] en octobre 2008.

Il ne faut donc pas s’étonner si, du point de vue des syndicats, la Commission indépendante sur les banques (CIB), dans son rapport sur le secteur [remis le lundi 12 septembre], repousse la réforme des banques aux calendes grecques. Sous la présidence de sir John Vickers, la CIB propose certes d'ériger une muraille entre les activités de banque de dépôts et les opérations d’investissements, plus risquées, mais il n’est apparemment pas nécessaire de mettre ces propositions en œuvre avant 2019 – ou, comme le ministre des Finances l’a dit  “d’ici la fin de la décennie”. [George Osborne s'est engagé à faire adopter les textes nécessaires durant l'actuelle législature, soit avant 2015, pour une mise en œuvre progressive.]

Quant à ceux qui espéraient des propositions radicales afin de renforcer les droits des consommateurs, habitués à être mal servis tout en se faisant escroquer par la vente de produits comme l’assurance décès-invalidité, ils en seront pour leurs frais. Il ne devrait pas y avoir d’enquête sur la concurrence dans un secteur dominé par le Lloyds Banking Group. En outre, la CIB est revenue sur une proposition précédente et ne demande plus à cet établissement de se séparer d'agences supplémentaires, se contentant des 632 actuellement mises en vente pour répondre aux exigences des régulateurs de l’Union européenne. [C'était la condition posée par l'UE pour le renflouement du Lloyds Banking Group par l'Etat.]

La CIB est la première à reconnaître que ses mesures sont “délibérément composées d’éléments modérés”, mais elle pense que, une fois combinées, elles auront des conséquences “d’une grande portée”. A en juger par les mouvements autour des actions des grandes banques le 12 septembre, l’inquiétude est à l’ordre du jour – à l’ouverture, les banques britanniques avaient chuté de 5 %, ce qui reste moins important que la dégringolade de leurs homologues françaises. Preuve que le marché réagit à l’aggravation de la crise dans la zone euro, au lieu de faire une fixation sur le rapport Vickers. D'ailleurs, en milieu de matinée, les actions des banques britanniques s’étaient reprises.

En réalité, Vickers n'est pas allé aussi loin que l'auraient souhaité les partisans d'une réforme radicale. Il n'y aura pas une séparation totale entre les banques de dépôt et les banques d'investissements “casinos”, telle que l'avait prônée Vince Cable, le ministre des Affaires [libéral-démocrate], afin d'éviter un nouveau sauvetage par les contribuables.

Ian Gordon, analyste bancaire chez Evolution, admet d'ailleurs que les banques ont échappé au “pire”. “Le rapport de la CIB est inopportun et n'apporte rien, mais cela aurait pu être encore bien pire, assure-t-il. Certes, nous continuons à considérer que les recommandations de la CIB accroîtront de manière permanente les risques d'instabilité au sein du secteur britannique des services financiers, ce qui ne pourra qu'avoir des conséquences négatives sur l'économie du Royaume-Uni dans son ensemble ; mais certains des pires excès du projet de ‘réformes’ extrémistes ont été, semble-t-il, limités. Nous admettons qu'un tel commentaire puisse paraître un peu bizarre, alors même que la CIB évalue encore la mise en œuvre de ses dangereuses propositions de ‘pare-feu’ à  4 à 7 milliards de livres [4,6 à 8,1 milliards d'euros]."

Les patrons des banques ne vont pas manquer de se plaindre. Mais, étant donné que la plupart d'entre eux auront changé de poste en 2019, ce ne sera peut-être plus leur problème. Et, en 2019, nous aurons peut-être un nouvel anniversaire de crise à célébrer.


Consensus politique presque parfait
Le rapport de la CIB a finalement été adopté par le chancelier de l'Echiquier, George Osborne, longtemps réticent. Osborne, rapporte The Independent, a travaillé avec ses partenaires libéraux-démocrates à convaincre le Premier ministre David Cameron. Celui-ci était                                 
soumis à un intense lobbying de la part des banques, qui affirmaient que les réformes mettraient en danger la reprise. Le Labour a aussi approuvé le rapport, reprochant au gouvernement de "traîner des pieds" dans sa mise en œuvre.

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