TOUT EST DIT

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mercredi 14 septembre 2011

Délit de paresse

Pendant de longues semaines encore, le président de la République fera savoir qu’il se consacrera jusqu’au bout à son «métier» de chef de l’État. Comprenez: pendant que les socialistes s’écharpent dans leurs primaires, je m’occupe du pays! Une posture sans surprise, mais elle ne trompe personne. Si Nicolas Sarkozy est bien à la manœuvre et si cet hyperactif a multiplié les voyages éclairs en province depuis son entrée à l’Élysée, il est déjà bel et bien en campagne pour 2012 au rythme de ses déplacements officiels aux six coins de l’Hexagone et, accessoirement, aux frais de la nation.

Hier, le thème était donc les mineurs délinquants et les prisons. Tout sauf une surprise puisque ce grand classique a fait partie de sa liste de favoris dès son arrivée au ministère de l’intérieur. Dix ans! Un long bail qui, en creux, fait apparaître l’échec d’une politique et l’incapacité de son promoteur à mener à bien les objectifs qu’il lui avait assignés.

Retour à la case départ, donc. Bien évidemment, on ne saurait reprocher au président l’évolution avérée de la délinquance juvénile vers des formes de plus en plus violentes et de plus en plus précoces. La tâche, mouvante, était difficile. Elle aurait sans doute mérité moins d’arrogance, de vantardises, d’annonces, et plus de ténacité, d’imagination, de constance.

Celui qui fut le ministre de l’Intérieur avait pourtant, dès le départ, insisté sur l’urgence de développer des centres éducatifs fermés qui apparaissent comme autant de lieux adaptés pour éviter à des jeunes de prendre le chemin de la prison, et leur ouvrir une voie vers un salut. Mais peu d’efforts, finalement, ont été réellement entrepris pour généraliser et enrichir les expériences souvent positives menées par nombre d’associations spécialisées.

Plus spectaculaire, la solution de facilité a prévalu. L’incarcération. De ce point de vue, M. Sarkozy est coupable de paresse dans la conception, primaire, de sa politique répressive. Ses orientations n’avaient aucune chance de corriger le retard dans l’exécution des peines, ni de remédier au désastre carcéral français dénoncé depuis tant d’années, y compris à l’échelon européen. Surpeuplement, vétusté, insuffisance d’encadrement spécialisé... Des usines criminogènes qui non seulement fabriquent de la récidive mais transforment des petits voyous en brutes beaucoup plus difficilement récupérables à la sortie.

Alors, 30 000 places de détention supplémentaires, pourquoi pas? Des encadrements militaires plutôt que la prison, pourquoi pas (avec toutes les précautions, toutefois, pour qu’ils ne soient pas des camps livrés à l’arbitraire d’un régime d’exception et du non-droit)? Mais assez de rodomontades! Des actes, maintenant! Ce qui suppose d’expliquer un vrai volontarisme de société. Et son coût.

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