mercredi 14 septembre 2011
Recomposition au Proche Orient
Il y a un peu plus d'un an, la diplomatie israélienne pouvait encore tabler sur trois axes majeurs de son environnement proche. La stabilité du régime syrien, dont c'était d'ailleurs la seule vertu. La solidité des relations avec l'Égypte, premier État arabe à avoir signé, dès 1979, la paix avec Israël. La coopération militaire et stratégique avec la Turquie.
Ces axes, aujourd'hui, n'existent plus. La Syrie est au bord de l'implosion sous la pression incessante de la rue. L'Égypte n'est plus dirigée par Moubarak, chassé en février, mais par des militaires qui viennent de laisser saccager l'ambassade israélienne au Caire. La Turquie n'est plus un allié depuis que l'épisode sanglant de la flottille pour Gaza a fini de brouiller les deux partenaires. Depuis, surtout, qu'Ankara étale ouvertement ses visées diplomatiques sur l'ensemble de la région.
Israël, plus isolé que jamais, ne peut plus compter sur ses alliés. Ses ennemis (l'Iran, le Hamas, le Hezbollah) ne baissent pas la garde pour autant. Le contexte y est pour beaucoup. Les choix du gouvernement Nétanyahou aussi, prisonnier d'un attentisme sécuritaire qui le place à la remorque des bouleversements en cours.
Car c'est, en fait, toute la région qui est en pleine recomposition, sous l'effet cumulé du Printemps arabe et des suites de la guerre en Irak. Le vote, la semaine prochaine aux Nations Unies, d'une résolution qui pourrait mener à une reconnaissance internationale de l'État palestinien ajoute à la mobilité du tableau, comme un facteur d'accélération aux répercussions assez imprévisibles.
Le « moment turc »
Nouvel acteur clé, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan est la puissance montante de ce nouveau Proche Orient. La visite triomphale que le Premier ministre turc effectuait hier au Caire, ses voyages à suivre en Libye et en Tunisie, les desseins stratégiques finement élaborés depuis cinq ans par son ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, la vigueur de l'économie turque dont la croissance au second trimestre a atteint 8,8 % cette année : tout corrobore cette montée en puissance. Même l'exportation des séries télévisées turques sert ce dessein d'influence.
Ce choix délibéré d'Ankara est favorisé par la faiblesse américaine et les turbulences arabes qui viennent d'ôter au Caire et à Damas une part de leur influence. Le « moment turc » se nourrit en outre d'une corde malheureusement sensible dans toute la région. Que les critiques à son encontre soient fondées ou non, l'hostilité à Israël fédère. Erdogan sait qu'en agitant l'épouvantail israélien, il gomme d'autant mieux tout ce qui pourrait être perçu par les populations arabes comme une résurgence de la puissance ottomane.
Et les Palestiniens dans tout cela ? Longtemps à l'écart du mal nommé Printemps arabe, ils voient leur cause faire un retour fulgurant au centre de la scène diplomatique. Pour de bonnes raisons, tant la demande de reconnaissance internationale est légitime. Pour mille autres raisons aussi, moins généreuses. Le dossier palestinien n'est-il pas, depuis des lustres, un gage de plus-value diplomatique pour tous ceux qui s'en saisissent ?
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