Le ministre de l’Economie, Philipp Rösler – qui est aussi le chef de file du FDP, appartenant à la coalition Merkel – est le responsable de cette inoubliable phrase : « la faillite de la Grèce n’est plus tabou ». Quant au ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, d’après Der Spiegel, il aurait élaboré deux scénarios possibles, dont celui de la faillite de la Grèce accompagnée d’une sortie de la zone euro.
Avez-vous remarqué, cher lecteur, que depuis quelques jours, les médias n’ont plus que le mot tabou en bouche ? Le « tabou » sur le défaut de la Grèce serait levé. De même que le « tabou » de sa sortie de la zone euro. Une manière polie de nous avouer que gouvernements et autorités concernées nous avaient menti ces derniers mois en excluant ne serait-ce que la possibilité de défaut de la Grèce. Que les stress tests bancaire étaient complètement faussés et absolument pas réalistes.
Cette manipulation pudique de la réalité se paie chère sur toile de fond de dissensions grandissantes non seulement au sein de la zone euro (entre l’Allemagne et le reste de l’Europe) mais aussi au sein même de la BCE et des différents pays membres de la zone.
Un rapport d’UBS sème encore plus le doute (vous pouvez le lire ainsi qu’un résumé, ici) : « Sous sa forme actuelle et avec ses membres actuels, l’euro ne fonctionne pas. Soit son fonctionnement, soit ses membres devront changer ».
Changer le fonctionnement de la zone euro
Une solution régulièrement évoquée mais qui, une nouvelle fois, se heurte aux défauts structurels de la zone euro : la multiplicité des intérêts de chacun de ses membres. La crise de la dette européenne a déjà l’occasion pour la BCE de passer outre ses principes en rachetant de manière massive les obligations des Etats en détresse.
Jean-Claude Trichet semble aussi avoir mis un mouchoir sur sa lutte contre l’inflation. La semaine dernière, il a d’ailleurs annoncé que la BCE n’augmenterait pas ses taux directeurs.
Quelles réformes pourraient être introduites ? La principale reviendrait à donner encore plus de pouvoir à la BCE pour… faire de l’assouplissement quantitatif par exemple. Ce qui permettrait certes de calmer pour un certain temps les marchés mais ne résoudrait rien. Cela reviendrait à donner un quasi-blanc-seing aux Etats pour s’endetter encore plus. L’exemple américain – et la dégradation de sa note souveraine cet été – démontre les dangers d’une telle politique.
Autre solution : mettre en place un euro à plusieurs vitesses (nous vous en parlions il y a quelques jours dans La Quotidienne. Un pour les pays à économie forte comme l’Allemagne ou les Pays-Bas. Un autre pour les économies en difficulté, Grèce, Espagne, Portugal, etc.
Un peu dans le même genre, certains évoquent la possibilité de coexistence d’une monnaie unique (pour les échanges internationaux) coexistant avec une monnaie nationale.
Malheureusement, de tels changements impliqueraient une certaine cohésion et volonté commune des pays de la zone euro. Or il est plus facile de faire la liste de leurs dissensions que celle de leurs points d’accord. En débat :
– la création d’eurobonds
– les modalités du déblocage du nouveau plan d’aide à la Grèce
– la mise en place de sanctions pour les pays ne respectant pas les règles fixées par l’UE
– la nécessité de création d’une autorité économique commune à la zone euro
– la nécessité de recapitaliser les banques européennes – et avec quel argent
Jusqu’à présent, ils étaient tous à peu près d’accord sur la nécessité d’empêcher une faillite de la Grèce mais de nombreuses voix discordantes s’élèvent ces derniers temps – essentiellement en Allemagne, il faut bien le reconnaître.
Bref, on voit mal comment les Européens parviendront à mettre en place des réformes du fonctionnement de l’euro.
Pouvons-nous encore éviter l’explosion de la zone euro ?
L’Union européenne peut-elle vraiment exploser en vol ? Pour tout vous dire, cher lecteur, nous n’en savons rien.
Quand nous lisons les analyses de nos collègues outre-Atlantique, nous en sommes à deux doigts d’en être persuadés. Puis quand nous lisons la presse française, nous finissons par nous laisser bercer par les douces promesses de nos gouvernements qui nous promettent de ne pas laisser tomber la Grèce et l’euro.
Je mise sur la force d’inertie. Cette mystérieuse capacité de nos économies à survivre à peu près tout et n’importe. Alors, certes la zone euro sera mal en point et bancale mais elle pourrait survivre.
Une situation qui fait penser à celle du Japon depuis plus de 20 ans. Un marasme, une économie morte-vivante, qui ne se relève pas mais qui ne disparaît pas complètement non plus… En attendant le prochain cataclysme économique.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Vous n’avez pas de boule de cristal, nous non plus – même si nous le ne regrettons en ce moment –, mais vous avez des idées.
La zone euro risque-t-elle d’imploser ? Les Européens parviendront-ils à faire évoluer son fonctionnement pour répondre à la fois aux attentes des Allemands et à celles des Grecs ? Pourrons-nous éviter la contagion aux autres pays de la zone ?
Donnez-nous votre avis sur notre site moneyweek.fr (ci-dessous).
Que faire ?
Evidemment, en période de troubles, les vieux réflexes font surface. Les investisseurs se précipitent sur :
– Le dollar. Très mauvais choix. Pour le moment, l’Europe est dans le collimateur des marchés, mais ils ne tarderont pas à s’intéresser de nouveau à la dette américaine et à son dollar moribond.
- Les obligations d’Etat, et en particulier les bons du Trésor. Très mauvais choix. Comme pour le dollar, les obligations américaines vivent sur leur réputation usurpée de placement sûr. N’oubliez pas la dégradation de la note souveraine américaine – et ce n’est que le début. Préférez les obligations des pays émergents, moins risquées et au rendement intéressant.
- L’or. Bon choix… mais peut-être pas pour tout de suite. Comme vous l’explique Simone Wapler dans son article « Jusqu’où pourrait nous emmener une consolidation de l’or ? », l’or pourrait corriger dans les semaines qui viennent. Pas de panique, cette baisse devrait être temporaire et surtout limitée – vers les 1 500 $ probablement. Simone vous préviendra quand il sera de nouveau temps de passer à l’achat. Entretemps, les matières premières affichent une belle tenue face aux marchés actions. L’occasion idéale de s’intéresser à d’autres formes d’investissement sur l’or – je pense en particulier aux minières.
Nous aborderons tous ces sujets au cours de notre Jour de l’Or. Nous fermons les inscriptions dans deux jours… n’attendez donc plus pour réserver votre place ici.
- Restez cash. Cela vous permettra de vous placer de nouveau dès que les signaux passeront dans le vert – nous vous tiendrons bien évidemment au courant !
D’ici là, courage, c’est une mauvaise passe !
mercredi 14 septembre 2011
La zone euro peut-elle éviter l’extinction ?
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