lundi 11 avril 2011
Renault, qui va porter le chapeau ?
Ce soir, les administrateurs de Renault se réunissent pour couper une tête. Voici venue l’heure de punir le responsable de l’immense pantalonnade qui a ridiculisé la marque au losange. Et réjouit la concurrence, les carrossiers de Volkswagen s’en gondolent encore…
À quel haut dirigeant, mêlant l’incompétence à la paranoïa, doit-on ce lamentable fiasco ? Qui, se fiant à une enquête interne bidon, a cru bon de virer quatre cadres pour un “espionnage industriel” parfaitement imaginaire ? Les malheureux, vite catalogués “traîtres à la patrie”, se retrouvèrent aussitôt sur le carreau. Le capitalisme sait donc aussi organiser des procès staliniens.
Mieux, le puissant PDG du groupe alla lui-même claironner la sentence au journal de TFI. On voyait bien alors, à sa mine altière, que Carlos Ghosn ne laissait à personne — même pas à la justice — le soin de décider. Un patron de pareille envergure, qui reçoit 9 millions d’euros par an, assume seul et tranche dans le vif. En pleine lumière, bravo !
Au moment de payer les pots cassés, pourtant, l’omnipotent manager s’efface volontiers. Si Renault souhaite faire “porter le chapeau” à quelques-uns de ses proches collaborateurs, il n’émettra aucune objection. Pourvu que lui, pétri de tant de qualités, reste en place. Face au réalisme économique, la morale devient secondaire.
Enfin, au nom de “l’intérêt supérieur de l’entreprise”, M. Ghosn accepte de déléguer. Non pas son pouvoir, mais ses erreurs…
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