TOUT EST DIT

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lundi 11 avril 2011

La « responsabilité de protéger »


L'intervention en Libye a relancé le débat autour du prétendu « droit d'ingérence humanitaire », que nombre de pays du Sud et de l'Est asiatique voient comme une notion parfaitement idéologique pour habiller les prétentions hégémoniques de l'Occident.

En réalité, il s'agit de mettre en oeuvre la « responsabilité de protéger », dont l'assemblée générale de l'Onu a fait, en 2005, un principe applicable aux situations de génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Dans cette hypothèse, si l'Etat concerné ne s'acquitte pas de sa mission de protéger sa population, et a fortiori s'il se rend coupable de l'un de ces crimes, le Conseil de sécurité de l'Onu peut décider une intervention protectrice. C'est ce qu'il vient de faire par sa résolution 1793.

Le choix qui s'offrait à l'Onu était assez simple : ou bien laisser la communauté internationale assister en témoin passif à l'écrasement de Benghazi et, au-delà, de tout un pays par un despote illuminé ; ou bien, mobiliser la force au service du droit.

Certains ont soupçonné la coalition occidentale de vouloir préserver une source d'approvisionnement énergétique et d'être animée de préoccupations de politique intérieure. Mais la grande majorité de la population des pays intervenants approuve l'initiative (66 % des Français), qui nous épargne le déshonneur, ressenti en d'autres temps lors de l'abandon des Républicains espagnols en 1937 et des Sudètes en 1938, au moment des accords de Munich.

Il ne s'agit pas seulement de manifester notre solidarité active avec les peuples opprimés, mais de tirer toutes les conséquences du fait de croire à une réelle « communauté des valeurs » (1). Cette conviction, adossée à la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, finit par s'imposer dans les faits, malgré les sceptiques ou négateurs, prompts à voir dans les droits humains le « pagne des classes capitalistes » ou de l'impérialisme. Le « printemps arabe » leur inflige un cinglant démenti.

Il est d'ailleurs frappant que les États contestataires soient, presque sans exception, ceux-là même qui bafouent sans vergogne les droits fondamentaux. De là à penser que leur discours ne relève que d'une stratégie de camouflage et d'habillage des violations... Le soupçon se justifie lorsque la voix de leurs peuples parvient à se faire entendre. Ils revendiquent, eux, l'application intégrale des engagements internationaux souscrits par leurs pays. À les entendre, apparaît, en deçà des différences culturelles, le caractère universel de la souffrance d'hommes et de femmes injustement incarcérés, détenus sans procès, suppliciés, écrasés par la force ou privés de leurs droits sociaux et culturels. Ces droits, universels, devraient s'appliquer en Libye, en Syrie, en Côte d'Ivoire, ou en Chine.

Enfin, écoutons l'opposante birmane Aung San Suu Kyi : « Si l'on devait nier la validité des idées et des convictions, en dehors de l'aire géographique et culturelle où elles trouvent leur origine, alors le bouddhisme serait confiné au nord de l'Inde, le christianisme à une étroite bande de terre au Moyen-Orient et l'islam à l'Arabie » (2). L'humour est aussi une façon de résister.

(1) Sous-titre du livre de Mireille Delmas-Marty, (Seuil).
(2) Rapport annuel 1998 d'Amnesty International.

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