TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 4 avril 2011

En attendant mieux...

La communication finira par tuer la politique. Si ce n’est déjà fait...

Le parti socialiste a réussi le tour de force de rendre parfaitement fade la présentation de son programme pour la présidentielle. Il attendait ce moment clé depuis des mois et voilà qu’il le banalise en laissant le JDD en dévoiler le contenu deux jours avant la date prévue. Il faudra rappeler à Martine Aubry, si prompte à critiquer l’avidité de la presse, les vertus de la patience et les lois du teasing...

L’événement de mardi n’en sera donc pas un et la trentaine de propositions mises au point par les élus et les responsables du mouvement après de longs mois de débats et de forums aura, déjà, la tiédeur des plats laborieusement réchauffés.

Quand elle s’achève, l’attente, on le sait bien, génère souvent de la frustration . Le texte du PS n’échappe pas à cet effet pervers. Sur le fond, surtout, il souffre de l’approximation des manifestes généraux: des tissus de bonnes intentions dont on peine à mesurer la faisabilité réelle. Même si les experts de la rue de Solferino ont pris bien soin de prévoir, fût-ce à grands traits, le financement des principales mesures, le document reste dans un flou artistique qui rappelle la prose allégorique de feu l’union de la gauche des années 70. Sur la forme, c’est une édition supplémentaire des bons vieux catalogues électoraux, dont la crédibilité s’est pourtant érodée au fil des consultations et des alternances.

Tant de mois pour concocter ce manuel qui reste superficiel, cela fait beaucoup. Sur la méthode, il a le parfum vintage de... 1997, comme une profession de foi qui voudrait prendre le contre-pied du quinquennat Sarkozy. La limitation des hauts salaires des PDG des entreprises publiques est assurément un thème porteur mais essentiellement symbolique. Quant aux 300.000 emplois d’avenir promis aux jeunes, ils produisent invariablement un effet père Noël qui n’offre pas pour autant une vision durable de la lutte contre le chômage. Et laisse planer la problématique du remboursement de la dette française.

Il y a toutes les chances, de toutes façons, que ce programme reste purement indicatif. Le candidat qui sortira vainqueur des primaires en fera ce qu’il voudra: en 2007, Ségolène Royal l’avait royalement ignoré. Le PS ne peut même pas spéculer sur le profil du champion qui pourrait le porter tant François Hollande, qui gagne rapidement du terrain et dépasse désormais la première secrétaire du parti, est loin d’avoir partie perdue contre DSK.

Les nécessaires alliances pour le second tour compliqueront un peu plus la rédaction finale. Car Cécile Duflot, par exemple, a annoncé la couleur: elle monnayera la participation des Verts à un gouvernement de gauche contre un engagement de ses partenaires à sortir du nucléaire. Le type de condition-massue qui promet, à coup sûr, de sérieuses turbulences.


0 commentaires: