TOUT EST DIT

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lundi 4 avril 2011

La politique de bistrot

Alors que Georges Clemenceau était à l'article de la mort, son ancien disciple Georges Mandel décida de lui rendre visite. A la gouvernante qui lui annonçait son arrivée, le Tigre répondit, avec son sens de la formule qui tue : "Déjà les vers !"

L'univers des politiciens est si impitoyable que les vers s'attaquent souvent à eux de leur vivant. C'est ce qui donne sa dimension shakespearienne au vaudeville qui se joue actuellement dans la majorité. On dirait que l'heure de la succession de Nicolas Sarkozy a sonné alors même que la nouvelle de sa mort politique semble très exagérée, en tout cas prématurée.

Tels sont les retours du destin ou, ce qui revient au même, de bâton. Après avoir beaucoup humilié les siens, le chef de l'Etat récolte aujourd'hui ce qu'il a semé. Il ne fait plus peur. Et tout le monde se lâche. Notamment à propos de son idée de grand débat sur l'islam.

La ficelle était certes très grosse. Jadis, les empereurs romains organisaient les jeux du cirque pour occuper le bon peuple. Désormais, sous le 6e président de la Ve République, le peuple a droit à des débats. Des débats d'Etat fixés en haut lieu, sous le contrôle d'un ministrion, dans le plus pur style jacobin.

Après le débat sur l'identité nationale, voici le débat sur l'islam, rebaptisé débat sur la laïcité. Demain, pourquoi pas des débats d'Etat sur le sexe des anges, sur celui des mille vierges ou sur les racines chrétiennes de l'Europe? S'ils fréquentaient plus souvent les bistrots, les princes qui nous gouvernent sauraient que les Français ne les ont pas attendus pour parler de tout cela. C'est pourquoi cette conception de la politique, illustrée par les propos de Claude Guéant, ne peut se résumer qu'en une formule: la politique de bistrot.

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