TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

dimanche 20 mars 2011

Une nouvelle donne géopolitique

L’opération aérienne lancée par la France au-dessus de la Libye au nom de la résolution 1973 de l’ONU marque aussi un tournant géopolitique. Un tournant pour la diplomatie française certes, enfin sortie de sa léthargie et désormais prête à passer de la parole à l’action, y compris sur le plan militaire. Mais le vrai tournant concerne toute l’Europe, avec des conséquences encore imprévisibles. Car il ne faut pas se leurrer. Malgré la participation des armées de l’air de plusieurs pays, dont des États arabes, la France et le Royaume-Uni sont aux avant-postes et mènent de facto la coalition.

Pas l’OTAN, reléguée au rang de l’intendance. Pas les États-Unis qui, volontairement, se tiennent en retrait, tirent leurs missiles de croisière de loin en fournissant aussi leurs avions ravitailleurs, les avions radar et, semble-t-il, toute leur capacité de brouillage électronique contre la DCA. Barack Obama, en voyage officiel au Brésil, ne veut en aucun cas endosser l’uniforme de commandant en chef. Il n’est pas question pour Washington, échaudé par l’Irak et l’Afghanistan, de s’engager directement, du moins pour l’instant. Et la secrétaire d’État Hillary Clinton l’a fait savoir à plusieurs reprises: la Libye est voisine de l’Europe.

Malheureusement, tous les Européens ne se sentent pas concernés. L’Allemagne qui, au Conseil de sécurité, s’était abstenue avec les voix de la Chine et de la Russie, manque à l’appel, sans doute pour d’obscures raisons de politique intérieure afin de ne pas effriter le ciment d’une coalition gouvernementale fragile avec le pâle ministre des affaires étrangères libéral Guido Westerwelle en quête de « profil ». Forte de sa puissance économique, Berlin tient le haut du pavé dans l’UE. Le faux-pas diplomatique à l’ONU que la chancelière Merkel tente vainement de rattraper pourrait changer la donne.

Reste d’abord à mener la mission libyenne à bien, en ne tombant pas dans les pièges de Kadhafi, en protégeant les populations civiles, sans dégâts collatéraux, en libérant les Libyens de leur dictateur et en commençant par ouvrir des zones à l’acheminement de l’aide humanitaire. Ce ne sera pas facile. Sauf si une révolution de palais devait renverser Kadhafi abandonné par ses mercenaires et ses prétoriens – et c’est aussi un but psychologique de l’intervention aérienne – il faudra du temps. Donc persévérer en sachant que plus longue sera l’opération, plus les risques seront grands... bien que tous les spécialistes s’accordent à dire que l’armée libyenne, en dehors du maintien sanguinaire de l’ordre, ne vaut pas tripette.

Car même aérienne, même menée pour des raisons nobles, il s’agit bien d’une opération de guerre !

0 commentaires: