TOUT EST DIT

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dimanche 27 mars 2011

Un séisme politique ?

Quel séisme politique en Allemagne si le Bade-Wurtemberg, le Land de l’excellence économique, basculait à gauche, avec à sa tête un ministre-président issu des « Grünen » ! Il dirigerait un gouvernement de coalition avec les sociaux-démocrates SPD contre les chrétiens-démocrates CDU, au pouvoir depuis plus de cinquante ans, désormais relégués sur les bancs de l’opposition. Plus cauchemardesque encore pour Berlin, pour le gouvernement fédéral de la chancelière Merkel : ses alliés libéraux FDP disparaîtraient du Landtag de Stuttgart…

Impensable, aussi inimaginable qu’une hypothétique victoire de l’ultra-gauche dans le XVI e arrondissement de Paris ? Pourtant, selon tous les sondages, ce scénario pourrait devenir réalité ce soir. A cause de la catastrophe de Fukushima qui donne des ailes à tous les antinucléaires, surtout face au chef du gouvernement régional sortant, grand sympathisant de l’énergie atomique. A cause de « Stuttgart 21 », ce projet ferroviaire accompagné de destructions architecturales et violemment contesté. A cause, aussi, des incohérences de la politique allemande, telle qu’elle est menée à Berlin.

Nos voisins ne sont pas dupes. Ils mettent au compte de l’électoralisme le plus primaire l’annonce précipitée de la fermeture de centrales nucléaires. Ce qu’a d’ailleurs confirmé à demi-mot le propre ministre de l’ Economie d’Angela Merkel. Et s’ils sont majoritairement opposés à une participation de la Luftwaffe aux raids aériens sur la Libye, les Allemands n’approuvent pas pour autant l’isolationnisme de Berlin traduit en vote d’abstention à l’ONU en compagnie de la Russie et de la Chine.

Difficile, aussi, de comprendre la position des Libéraux FDP incarnée par le ministre des Affaires étrangères Westerwelle. Que le parti des milieux d’affaires, d’ailleurs créé au Bade-Wurtemberg, joue subitement la carte du pacifisme paraît pour le moins suspect. Encore de l’électoralisme ? Il est vrai que le FDP lutte pour sa survie, quitte à faire feu de tout bois.

A cette atmosphère délétère s’ajoutent critiques et dissensions au sein du gouvernement fédéral et de la majorité CDU/CSU-FDP du Bundestag. Sans oublier les propos de l’ancien chancelier Helmut Kohl qui, par voie de presse, vient de tancer vertement celle qu’il appelait « das Mädchen »…

Certes, sur un plan constitutionnel, Angela Merkel n’a rien à craindre de ces élections régionales. Tout au plus vont-elles rendre plus difficile la cohabitation au Bundesrat (la chambre des Länder) qui pèse très lourd pour les questions budgétaires. Mais la chute de la CDU au Bade-Wurtemberg aurait un impact psychologique énorme, à tel point d’ailleurs que l’autre élection régionale en Rhénanie-Palatinat (apparemment acquise au SPD et aux Verts) passe déjà pour secondaire. Une éviction des Libéraux du Landtag de Stuttgart ne pourrait pas rester sans conséquences à Berlin où d’aucuns voient déjà se profiler une nouvelle « grande coalition » réunissant chrétiens-démocrates CDU/CSU et sociaux-démocrates SPD.

Quel que soit le résultat de ces élections, une certitude est acquise : le pouvoir qu’exerce Angela Merkel est bien plus fragile que ne le pensent ceux qui présentent l’Allemagne en modèle. A toute l’Europe d’en tirer les conséquences !

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