dimanche 27 mars 2011
Sismomètres politiques
Selon de nombreux analystes, les effets de la triple catastrophe au Japon — secousses telluriques, raz-de-marée et radiations nucléaires — ont atteint l’Allemagne, et leur virulence devrait être mesurable, aujourd’hui, juste de l’autre côté du Rhin. Les électeurs de l’important État régional de Bade-Wurtemberg, voisin de l’Alsace, sont en effet appelés aux urnes, et ces dernières risquent de fonctionner comme des sismomètres politiques. Les enquêtes d’opinion promettent un scrutin serré ; des observateurs pronostiquent un revers de la coalition des démocrates chrétiens et des libéraux d’Angela Merkel.
De fait, cette dernière est loin de la forme qui lui valut d’être élue « femme la plus influente du monde » par le magazine Time. La gestion du dossier nucléaire a mis à mal son image. Réélue à la chancellerie en 2009, elle avait repoussé la fermeture de certaines centrales, décidée par la « grande coalition » socialo-conservatrice. Électoralement, la satisfaction de l’industrie n’a pas compensé la consternation des gauches. Puis, le 14 mars, sous le choc de Fukushima, la chancelière a opéré une volte-face et opté pour l’abandon, « le plus tôt possible », de cette filière énergétique. « Pur opportunisme », a réagi l’opposition, surfant sur la perplexité de l’opinion.
L’atome n’est pas seul à avoir ébranlé l’autorité de Mme Merkel. Outre des incongruités gouvernementales qui auraient pu être françaises — désaccords entre ministres ; menus scandales, comme celui de la thèse de doctorat partiellement plagiée de l’ex-ministre de la Défense Guttenberg — elle souffre du sentiment de beaucoup d’Allemands que, dans la crise des dettes, elle ne les protège pas assez de l’obligation de payer pour le manque de rigueur budgétaire d’autres pays. Peu importe qu’il s’agisse d’une caricature. Même la crise libyenne ne lui a encore rien rapporté. En se tenant à l’écart de l’action militaire, elle pense en retirer le même bénéfice que son prédécesseur Gerhard Schröder, quand celui-ci avait refusé la guerre en Irak. Mais cette fois, il y a un mandat de l’Onu et, à Berlin, des voix regrettent l’absence de l’Allemagne dans un conflit dont dépend, peut-être, le progrès démocratique en Afrique du Nord. Et l’approvisionnement en pétrole.
À court terme, les nuages prédominent. Mais l’élection fédérale n’est prévue que dans trente mois.
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