TOUT EST DIT

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samedi 26 mars 2011

Vent francophobe

Otan… en emporte le vent francophobe qui souffle sur les initiatives de Paris en Libye. Pendant une semaine, Alain Juppé s’est battu pied à pied pour écarter l’Alliance atlantique des frappes aériennes contre Kadhafi. Sans succès. L’Otan a d’abord assiégé par la mer les positions… françaises, en s’arrogeant le blocus d’un éventuel trafic d’armes avec la Libye. Puis, elle a confisqué le contrôle de la zone d’exclusion aérienne. Le Quai d’Orsay fait encore de la résistance pour la maîtrise des frappes au sol. Sans trop d’illusions.

Pas de quoi, dira-t-on, en faire un drame, puisque Nicolas Sarkozy a réintégré, voici deux ans, l’organisation militaire intégrée du traité de l’Atlantique Nord. Certes. Mais à l’époque, le président de la République présentait ce geste comme une reconquête de l’influence perdue de notre pays chez les alliés. Il affirmait, en outre, que le retour dans l’Otan favoriserait la constitution de l’Europe de la Défense. C’est un échec sur les deux points : les Européens cachent leur joie devant le camouflet infligé à la France, mais la Turquie, qui n’est pas tenue à la langue de bois communautaire, jubile devant ce que le Premier ministre Erdogan appelle « la mise hors circuit » de Paris. Quant à l’Europe de la Défense, elle n’a pas progressé d’un iota, les Allemands s’étant empressés de refuser la mise à disposition du moindre soldat pour les opérations libyennes. Ils ont d’ailleurs retiré sur-le-champ leurs navires qui patrouillaient avec l’Otan en Méditerranée. Quant aux Italiens, ils ont menacé de fermer leurs bases à la coalition, si l’Otan ne prenait pas la direction des opérations.

Entre le pacifisme de Berlin, l’atlantisme de Rome et de Londres et les velléités françaises de jouer au gendarme de la Méditerranée, l’Europe de la Défense n’existe tout simplement pas. Les Anglais et les Français ne donnent même pas le même nom de code à leur intervention en Libye : à Londres l’opération est baptisée « Ellamy », à Paris Nicolas Sarkozy a choisi « Harmattan ».

L’opération libyenne ne fait que démontrer ce que l’on savait déjà : le retour de la France dans le commandement militaire intégré de l’Alliance atlantique est un ralliement pur et simple au leadership américain. Même si Paris renâcle, il lui faut désormais marcher droit. Ni « Ellamy », ni « Harmattan », les frappes en Libye porteront désormais le nom de code US : « Aube de l’Odyssée. »

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