TOUT EST DIT

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samedi 26 février 2011

37, Quai d’Orsay

Le 37, Quai d’Orsay va-t-il enfin avoir un locataire digne de son adresse ? On peut l’espérer si, comme l’indique l’entourage présidentiel lui-même, la ministre des Affaires étrangères était débarquée ce week-end à son retour du Koweït.

Il n’est que temps. L’actuelle occupante est si affaiblie par le scandale de ses petites affaires tunisiennes et autres sauts de puce en jet privé qu’elle en est réduite à déclarer sur France Info qu’elle reste en poste parce qu’elle a «beaucoup de travail» et qu’«il y a des tas de choses qui se passent dans le monde». Cruel verbatim, qui suffit à montrer à quel point Michèle Alliot-Marie, ministre d’État et l’une des plus solides membres du gouvernement, est aujourd’hui affaiblie, au point d’en perdre ses moyens. Et pendant qu’elle se tient soigneusement à l’écart des routes du Maghreb - où elle est devenue indésirable - l’Histoire accélère... sans la France à bord.

Le destin personnel de MAM compte peu. Il ne s’agit plus de simples polémiques forcément dérisoires sur une personnalité, mais du poids devenu famélique de la diplomatie française sur l’échiquier bouleversé du monde arabe. En Tunisie, pilier de la zone d’influence traditionnelle de Paris, c’est le chef de la diplomatie allemande, le pâle Wester-welle, qui l’a devancée! En Égypte, avec laquelle l’Élysée voulait bâtir l’Union pour la Méditerranée, les Britanniques et les Allemands sont déjà passés. Elle n’y a même pas de voyage en projet !

Si la France n’a pas su anticiper l’embrasement de la rive sud de la Méditerranée, ni même le comprendre à chaud, elle n’a pas été la seule et cette apathie pouvait encore être réparée. Mais qu’elle soit à ce point absente de ces sorties de révolutions pour accompagner les anciennes dictatures sur le très long chemin vers la démocratie est, cette fois, catastrophique. Rater ces épisodes-clés, c’est prendre un retard rapidement irrattrapable.

C’est certainement cette réalité qui va pousser le président Sarkozy à lâcher celle qu’il s’était engagé à soutenir malgré ses fautes de discernement. Face à une Tunisie qui se remet à tanguer, à un Maroc fragile, et surtout une Algérie délivrée de l’état d’urgence qui attend avec impatience de pouvoir descendre dans la rue, Paris ne peut plus se payer le luxe de la faiblesse, ni des tourments intérieurs. Prochaine étape sur la carte des libérations, Alger la concernera plus que toutes les autres capitales arrachées par le peuple aux autocrates.

Le retour d’Alain Juppé, qui fait l’unanimité dans les couloirs d’un Quai d’Orsay en plein doute, serait le gage d’une résurrection de la force diplomatique française aujourd’hui en berne. Un enjeu plus crucial encore que d’assurer la présidence du très bavard G20. Un intérêt vital pour notre pays. Une urgence qui ne pouvait plus attendre.

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