TOUT EST DIT

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samedi 26 février 2011

Sur les ailes de la préférence

Il y a un an, Airbus était déjà recalé dans la compétition pour fournir à l’US Air Force 179 avions ravitailleurs, ces « stations-service » volantes, indispensables pour refaire le plein des avions de combat, voraces en kérosène, et donner aux bombardiers stratégiques et aux avions de transport l’autonomie nécessaire aux patrouilles de dissuasion ou à la projection des forces. Pour la première puissance militaire du monde, l’heure a sonné de remplacer les vénérables KC-135 « Stratotanker », issus du légendaire Boeing 707, pionnier du transport intercontinental à réaction. Les deux principaux constructeurs aéronautiques de la planète se disputent un marché dont dépendra, sinon leur existence, du moins leur prospérité.

La première étape de la modernisation coûtera entre 30 et 35 milliards de dollars. L’appel d’offres initial avait été lancé en 2003. Depuis, accords annulés, règles révisées et l’un ou l’autre scandale, qui ont valu à Boeing de payer une amende de 615 millions de dollars, ont émaillé la marche vers la sélection. En février 2008, l’avionneur européen a cru toucher au but, quand son offre a eu la préférence du Pentagone.

Mais Airbus a bientôt eu la surprise de s’entendre dire que les performances de son avion, le KC-45, dérivé du biréacteur long-courrier Airbus A330, dépassaient les besoins des militaires. Et que le prix de l’appareil excédait leurs possibilités. Dans le contexte d’un déficit budgétaire vertigineux, imposant à Washington des mesures d’économies, le cahier des charges a été revu. Des voix en Europe affirment qu’il a été retaillé aux mesures du compétiteur américain, le KC-46, adapté du Boeing 767. Difficile pour le profane de faire la part des choses.

Reste le fait brut qu’Airbus, qui fait jeu égal avec son rival sur le marché civil, n’est toujours pas parvenu à ouvrir une brèche dans la forteresse du marché militaire américain. L’excellence technique n’est assurément pas l’unique critère. La notion de préférence nationale, incorrecte sur le Vieux Continent, reste vivace outre-Atlantique quand l’affectation de l’argent du contribuable, l’emploi et la sécurité se fondent en une même priorité.

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