samedi 15 janvier 2011
Tunis brûle-t-il ?
Lors de sa dernière allocution télévisée, la troisième en un mois, Ben Ali a donc lâché du lest. Ceux qui contestent son régime dans la rue ne sont pas, réflexion faite, “des terroristes à la solde de l’étranger”. Mieux vaut leur tendre une main humaniste. Le président tunisien demande à sa police de ne plus tirer sur la foule. Il jure de ne pas se représenter en 2014. Ça tombe bien : la constitution, pour cause de limite d’âge, lui interdisait déjà ! Mais ce n’est pas tout. Le prix du pain, du sucre et du lait va baisser, la corruption aussi. La presse deviendra libre, aucune censure ne bloquera internet… À Carthage, demain, on rase gratis. Quel progrès, prenons dattes ! Voici l’avènement d’un “Gorbatchev des sables” qui annonce une lumineuse perestroïka. Il limoge son gouvernement et appelle à des élections législatives anticipées.
Aux efforts (tardifs) déployés par le prince, on mesure l’ingratitude des sujets. Hier, ils manifestèrent encore par milliers en exigeant son départ immédiat. Parce qu’un tissu de promesses ne peut effacer le sang versé. Sous la pression populaire, le chef de l’État a dû déguerpir...
Mais qui le remplacera, alors ? Un autre militaire, des démocrates sincères, ou les islamistes toujours en embuscade… Nul ne sait. L’alternance est un terrain que M. Ben Ali n’a jamais voulu préparer. À la nuit tombée, quittant sa patrie comme un voleur, il n’a laissé derrière lui que la colère et le chaos.
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