TOUT EST DIT

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samedi 15 janvier 2011

Pensez à vos enfants

La création d’un Défenseur des droits individuels qui entraînerait la suppression notamment du Défenseur des enfants, suscite de nombreuses réactions hostiles. Jacques Hintzy, président de l’Unicef France, interpelle les parlementaires avant l’examen, mardi, du projet de loi.

Aujourd’hui, je veux crier aux parlementaires: "Pas de recul en matière des droits de l’enfant." Nous avons été scandalisés lorsque nous avons appris la disparition annoncée du Défenseur des enfants. C’est pourquoi nous sommes encore mobilisés. Avec la Convention nationale des associations de protection de l’enfance (CNAPE), nous avons proposé des amendements au projet de loi instituant le Défenseur des droits qui sera discuté à partir de mardi à l’Assemblée nationale. Ils seront déposés par des députés de la majorité et de l’opposition et je m’en réjouis. Il n’est pas question de composer avec l’intérêt supérieur de l’enfant. Ils ont des droits spécifiques par rapport à ceux communément admis. Nous ne voulons pas que cette spécificité soit gommée. Il faut être très prudent, très attentif avec les enfants. Il est tellement facile de leur faire un mal considérable.

Les enfants n’ont pas de représentation politique, pas de lobby. Le Défenseur des enfants est leur unique avocat. Si le texte est adopté en l’état, ils vont perdre leur seul représentant. Nous sommes en train de démolir une institution incontournable. Depuis sa création en 2000, elle a été le socle de mesures fondamentales. Je pense notamment à l’accueil scolaire des enfants et adolescents en situation de handicap, à la lutte contre les mariages forcés [l’âge minimal du mariage a été relevé de 15 à 18 ans pour les filles en 2006], la création des maisons des adolescents… Selon le sondage TNS Sofres réalisé à la demande de l’Unicef, huit Français sur dix sont favorables au maintien d’une institution indépendante et identifiée, chargée des droits de l’enfant.

Il est essentiel que le Défenseur des enfants puisse continuer de se saisir de dispositions présentes dans la Convention internationale des droits de l’enfant pour pouvoir interpeller les pouvoirs publics sur des problèmes tels que l’enfermement des mineurs alors que la loi française permet de placer en centre de rétention des familles avec leurs enfants. La France est le deuxième pays européen à avoir ratifié la Convention internationale des droits de l’enfant. Il est inconcevable qu’elle marque un tel recul en matière de défense et de promotion des droits de l’enfant. Elle avait déjà été admonestée par le Comité des droits de l’enfant des Nations unies la dernière fois qu’elle a été auditionnée en mai 2009.

Face à la crise économique, au chômage, à la précarité, certains estiment sans doute que la défense des droits de l’enfant est un problème mineur. C’est faux. Les enfants représentent l’avenir. La France est l’un des pays les plus jeunes d’Europe: avec l’un des plus forts taux de natalité. Que préparons-nous? Des lois répressives pour des enfants délinquants et une société brutale? C’est ce que nous voulons éviter. C’est ce que le Défenseur des enfants peut contribuer à éviter. J’ai envie de dire aux parlementaires: ne tuez pas l’avocat et la vigie. J’ai envie de leur dire tout simplement : pensez à vos enfants.

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