TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mercredi 18 août 2010

Insécurité verbale

Incorrigibles ! Le président de la République a eu beau exiger de ses amis qu'ils s'en tiennent à sa fatwa sécuritaire de Grenoble, l'agitation ministérielle continue. Après les immigrés et les Roms, ce sont maintenant les maires, de gauche - donc incompétents, selon le patron de l'UMP - qui ont droit à leur dose de stigmatisation, assortie de menace de sanction. Cette surenchère pavlovienne, qui devrait valoir réprimande du président, ne surprend pas de la part du récidiviste Estrosi.

Le motodidacte, adepte du retour aux 150 km\h sur autoroute, est toujours à fond sur l'insécurité, quitte à déraper avec sa peine de mort, son choix « Français ou voyou », les deux ans de prison aux parents défaillants... On en passe et pas forcément des meilleures ! Outre que le maire de Nice n'est pas, en dépit de son autosatisfaction, le mieux placé pour donner des leçons sur le logement social et la sécurité, il ne trompe finalement personne avec son fallacieux appel républicain. Il cherche moins à faire progresser la sécurité qu'à entretenir une polémique pour siphonner à l'extrême droite et accentuer, toujours et encore, le clivage avec la gauche.

Sa nouvelle attaque est d'abord consternante parce qu'elle fait peu de cas des réalités de terrain, assez diverses pour justifier plus de nuances. La priorité à la lutte contre l'insécurité ne doit pas non plus conduire l'État à se défausser sur les élus locaux quand ça l'arrange, par exemple pour construire des commissariats, mais à les marginaliser, eux et les autres acteurs, y compris associatifs, dans des partenariats cache-misère.

Cette campagne sécuritaire, qui n'est pas à l'abri de bavures, peut aussi réserver des surprises à ses initiateurs. Paradoxalement, elle globalise l'impression d'insécurité qu'on prétend avoir réduite. Elle croit participer d'une stratégie qui n'a pas évité la raclée aux élections régionales. L'offensive du carré de fidèles, à base de paroles martiales, risque d'apparaître pour ce qu'elle est : une chimère électorale, malgré quelques sondages trompeurs. Toute la droite ne se retrouve pas dans un emballement qui fait fi de certaines valeurs. Rares, tel Alain Juppé, sont ceux qui expriment leurs réserves. Pour l'instant...

XAVIER PANON

0 commentaires: