La polémique sur l'ouverture de centres de consommation de drogues est intéressante à plusieurs titres. La dépendance à la drogue et la propagation des virus du VIH et de l'hépatite constituent un problème de santé publique assez grave pour qu'on ne néglige aucune solution nouvelle de limitation des risques. D'où l'idée, déjà expérimentée en Europe, de centres spécialisés dans lesquels, sous de strictes conditions, des toxicomanes pourraient consommer proprement leurs drogues. Les uns, favorables, appellent ces lieux des « centres d'injection (ou de consommation) supervisés ». Les autres - Matignon est en première ligne -, hostiles, parlent de « salles de shoot ». Le poids des mots !
C'est à droite que les divergences s'expriment dans une cacophonie d'autant plus sympathique qu'elle nous change du bras de fer droite-gauche dans lequel chacun s'efforce de tenir son rang en prévision de 2012. Rien d'étonnant d'ailleurs si, sur une question de société aussi sensible, le traditionnel clivage s'estompe. Comme au temps de Simone Veil ou, plus récemment, lors du débat sur l'échange de seringues.
Deux visions de la société resurgissent à cette occasion. Les uns soulignent qu'une prise en charge médicalisée des toxicomanes les plus atteints et les plus fragiles est préférable à leur abandon sur la voie publique. Les autres estiment que tout accompagnement de la dépendance risque de conduire à la dépénalisation. Que ces deux visions contraires traversent surtout la droite, cela n'a rien de surprenant. Car cette dernière n'est pas aussi monolithique que d'aucuns l'espèrent en forçant les doses de « shoots » sécuritaires.
Le noyau dur de droite que l'on voit tant à la manoeuvre pour Nicolas Sarkozy puise dans un sondage opportun et une petite vague d'adhésions matière à illusion. Même à une arrogance certaine quand, pour discréditer toute critique, on oppose ceux qui agissent à ceux qui pérorent. Ou alors, pourquoi ne pas opposer ceux qui agissent à ceux qui réfléchissent ? Puisque la polémique sur la drogue divise surtout la droite, certains hésiteront peut-être maintenant à s'envoyer à la figure ce pitoyable argument d'autorité.
XAVIER PANON
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