Les actions et l'ultimatum des producteurs ont payé. Sans obtenir satisfaction immédiate et totale, ils ont réussi à fissurer le front du refus des industriels. Les uns ont accordé les hausses exigées pour juillet et sur 2010, d'autres ont pris des engagements sous conditions. Avec la prudence qui s'impose, jusqu'à l'issue des négociations de la semaine prochaine, une éclaircie est donc en vue et l'on imagine qu'après les semaines d'angoisse qu'ils viennent de vivre, les éleveurs retournent avec un peu plus d'espoir dans leurs salles de traite.
Ce n'est que justice pour ces hommes et femmes, contraints de travailler à perte, et qui n'exigent que le respect d'un accord pour un juste prix. Mieux que les spectaculaires épandages de lait, les actions de stickage sur les produits leur ont attiré la sympathie des consommateurs. Les industriels ont compris qu'ils avaient plus à perdre qu'à gagner à l'extension d'un boycott coûteux pour leur image de marque. À quoi s'est ajoutée la pression du ministre de l'Agriculture, assaisonnée d'une promesse d'aide à la modernisation de cette filière.
Chacun sait bien, d'un bout à l'autre de la voie lactée, qu'il ne sert à rien de garder la tête dans le bidon face aux concurrents allemands. Encore faudrait-il que la course à la compétitivité se joue à la loyale, fiscalement, socialement et dans l'exigence sanitaire. Ce n'est pas le cas. Les uns parleront de dumping caché, d'autres de vraie politique laitière outre-Rhin. Au lieu de sauter de crise en crise dans nos campagnes, il est temps de tout mettre sur la table pour préserver le mode de production agricole français, tout en améliorant la compétitivité. Bonjour la future PAC !
L'Allemagne traira, demain comme aujourd'hui. Elle ne va pas renoncer, pour les beaux yeux de nos vaches, à sa puissance agricole. Ni à ses autos et machines-outils, bref à tout ce qui fait d'elle la championne des exportations et lui promet bientôt une croissance double de la nôtre. Sur tous les sujets, y compris l'immigration dont elle a grand besoin, nous divergeons avec notre premier partenaire et néanmoins ami. En voilà une vraie priorité nationale !
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