TOUT EST DIT

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jeudi 15 avril 2010

La pénitence de Martine Aubry


La réforme des retraites s'annonce aussi pénible pour le Parti socialiste que pour le gouvernement. A vrai dire c'est toute la société politique française, d'un extrême à l'autre, qui a semblé abasourdie, sonnée, et presque pétrifiée, à l'annonce des prévisions du COR à l'horizon 2050. Tout le monde redoutait ces estimations, pourtant, et personne ne s'en est vraiment étonné. Mais une fois écrites noir sur blanc, sans espoir d'erreur, elles produisent un effet psychologique que peinent à masquer les postures très attendues des uns et des autres.
Plus ou moins 100 milliards d'euros annuels, c'est un vertige absolu. Il a déstabilisé jusqu'à un Éric Woerth, comptable pourtant, qui, hier matin à la radio, peinait à en faire le tour... La difficulté à se représenter cette montagne colossale, à la comparer avec des recettes, favorise un certain déni. C'est une valeur tellement irréelle qu'on ne parvient pas à l'appréhender. En affirmant que « le gouvernement cherche à dramatiser », Martine Aubry a joué une carte trop facile, trop pipée, pour la chef de l'opposition qu'elle est. Simpliste, l'argument n'est pas à la hauteur du débat, ni de ses propres réflexions quand elle évoque la nécessité de remettre la retraite dans la perspective de la vieillesse.
A travers la stratégie d'évitement de la première secrétaire se profile un débat par défaut où le parler-vrai risque fort de ne pas avoir sa place. Tourner autour du pot pour éviter soigneusement de considérer l'augmentation de la durée de cotisation comme un levier quasiment inévitable, hélas, c'est être prisonnière à la fois des vieux dogmes et de l'émotion sincère d'une majorité de salariés.
Elle n'a pas été la seule. Un Laurent Fabius, ancien Premier ministre a embrayé sur l'obole supplémentaire des banques comme si, à elle seule, elle pouvait effacer l'ardoise de l'allongement sans précédent de la durée de vie. Les appétits présidentiels sont décidément incompatibles avec la franchise...
Chacun est attaché, avec raison, au principe de la retraite à 60 ans. Mais la solidarité intergénérationelle ne peut plus justifier un discours mécanique sur la protection aveugle et générale de cet acquis. Pour nos retraites comme pour l'environnement, il va bien falloir commencer à penser autrement si nous voulons préserver longtemps le système par répartition.
En stimulant la recherche de solutions nouvelles, la crise peut être un formidable accélérateur de modernité. Mais le monde politique, directement concerné ne veut pas se saisir de cette opportunité. Allons-nous devoir attendre jusqu'après 2012 pour le voir plus libre de ses approches intellectuelles. La retraite le met au pied du mur, l'oblige à parler différemment. La droite est dans son rôle traditionnel. La gauche saura-t-elle dépasser le sien pour offrir d'autres solutions ?

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