vendredi 24 décembre 2010
Les leçons d’Audi
Tout un symbole : cette année, la marque de luxe allemande Audi devrait être la première marque de luxe en France, devant ses compatriotes Mercedes et BMW. Une performance exceptionnelle et pleine d’enseignement. Cela fait déjà quelques années que l’on célèbre la montée en puissance d’Audi, la filiale de luxe du groupe Volkswagen. Mais 2010 est à marquer d’une pierre blanche car il n’est pas impossible que la marque devienne aussi numéro un en Europe alors qu’elle l’est de très loin en Chine. Un sacré chemin parcouru quand on pense que Audi qui avait connu son heure de gloire avant guerre a été démantelée après guerre et que la marque et l’usine ont été modestement vendus par Mercedes à Volkswagen en 1964.
Première leçon, on peut reconstruire de zéro une marque de luxe. Mais pour y parvenir Volkswagen y a investit du temps, de l’argent et a su lui donner l’autonomie nécessaire. Les premiers modèles n’étaient pas formidables, mais l’entreprise a persévéré. Elle a multiplié les nouveautés technologiques, comme la transmission intégrale sur ses berlines ou le chassis en aluminium. Elle a connu comme Toyota un problème de pédales aux Etats-Unis qui a failli la couler, mais là encore la firme a tenu bon, même si elle continue à le payer sur le marché américain vingt ans après. Elle a été la première à se lancer dans le luxe en Chine, en 1988, et ensuite à y produire. Le vrai décollage est intervenu dans les années 2000 quand un designer italien a donné un style à des voitures au look encore trop sage. La marque a su se créer une image plus discrète et moins ostentatoire, que celle de ses deux prestigieux concurrents
L’autre leçon est un motif d’optimisme. Le formidable succès d’Audi n’a pas nuit à ses deux principaux concurrents. Au contraire, stimulés, BMW et Mercedes ont eux aussi renouvelé leurs modèles, innové dans le style et dans les performances et sont partis avec succès à la conquête des marchés émergents. Le marché Allemand déjà saturé de grosses berlines a quand même réussi à faire émerger une autre entreprise extrêmement profitable qui contribue largement à la bonne santé de sa maison mère. Sans Audi, Volkswagen n’aurait pas les moyens de son ambition de devenir le numéro un mondial de l’automobile. Deux leçons à méditer pour nos constructeurs nationaux.
Car cela veut dire d’une part, que deux grands constructeurs peuvent parfaitement prospérer dans un pays comme la France, pourvu qu’ils sachent se développer à l’étranger et cultiver sur la durée une image originale et de qualité. Et puis pour PSA qui rêve toujours de percer dans le luxe, il peut y arriver pour peu qu’il investisse dans la durée, qu’il spécialise ses marques Peugeot et Citroën et qu’il leur donne l’autonomie nécessaire. Mais cela suppose de faire des choix pas toujours faciles.
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