En cette fin d’année 2010, les prix des matières premières agricoles battent des records. C’est vrai pour le sucre, le café, le coton ou encore le caoutchouc. Mais aussi d’autres comme le colza, le blé ou le maïs. Mardi, à Chicago – le marché qui fait la pluie et le beau temps si on peut dire ( !) -, le coton a atteint un plus haut historique. Son prix a plus que doublé depuis janvier, c’est la plus forte hausse depuis 1973. Le même jour, le sucre a atteint des niveaux jamais vus depuis vingt-neuf ans. L’arabica est au plus haut depuis treize ans. A Paris, le blé a gagné 70 % depuis janvier.
Disons-le : la spéculation ne semble pas avoir joué un rôle clef. La première cause, ce sont les caprices de la météo. Trop de pluies, ou pas assez. A cause de la sécheresse de l’été dernier, la Russie a baissé ses prévisions de production de 30 % alors qu’elle est est l’un des premiers producteurs de céréales. Il y a aussi le phénomène Niña. La température de l’Océan pacifique bouge, cela fait pleuvoir en Asie du Sud et en Australie, et provoque la sécheresse en Amérique du Sud. Il a beaucoup plus aussi au Pakistan ou en Inde. Résultat : des récoltes endommagées.
Mais le climat n’est la seule explication. Au-delà de la conjoncture, on en revient toujours à la même chose. Fondamentalement : une production insuffisante pour satisfaire une demande qui ne cesse d’augmenter, surtout tirée par... la Chine (cela devient lassant...).
Mais cette fois-ci la Chine n’est pas seule en cause. La population mondiale devrait passer de plus de 6 à près de 9 milliards d’habitants. Ces bouches à nourrir, dans des économies qui s’enrichissent, exigent une alimentation plus riche et variée. C’est la raison majeure qui tire les prix, la meilleure preuve étant que ce mouvement a véritablement commencé il y a une dizaine d’années, au moment où un certain nombre de pays ont commencé à décoller. Les experts datent de 2005 le premier choc des matières premières, qui a culminé en 2008 – un choc alimentaire comme il y a eu autrefois des chocs pétroliers.
Cette flambée des prix va continuer en 2011. Outre la tendance de fond, la sécheresse en Argentine pourrait bien avoir un effet sur les récoltes de maïs, de blé et de soja.
La vraie question est de savoir ce que l’on peut faire. Sans doute se dire que la priorité redevient la production, et non plus la lutte contre la surproduction. Cela veut dire exploiter mieux les terres déjà cultivées en améliorant les rendements, en utilisant les technologies qui permettent de consommer moins d’eau et de pesticides - c’est tout le débat, aussi, sur les OGM. Comme c’est surtout en Afrique du Nord et au Proche-Orient que la population va augmenter, régions qui, à cause du climat et de la pénurie d’eau, continueront à importer des denrées alimentaires, l’Europe a des opportunités formidables.
... Et pendant son G20, Nicolas Sarkozy veut faire en sorte qu’il y ait plus de transparence et encadrer les marchés financiers des matières premières agricoles. L’objectif ne peut être, là, de stopper l’envolée des prix mais au moins de réduire leur volatilité.
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