TOUT EST DIT

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dimanche 17 octobre 2010

Protestations agrégées

On ne peut pas encore parler d'un mouvement de masse mais les lycéens ont nettement amplifié leur protestation. Même s'il s'agit pour le moment plus d'une agitation que de mots d'ordre généralisés, les manifestations d'hier après-midi s'inscrivent dans le prolongement de la journée de mardi où la présence des jeunes avait pour la première fois été significative. On peut craindre que la pression autour des quelques incidents fasse grandir l'émotion en surestimant le phénomène et en créant des incitations supplémentaires. Dans une contestation qui porte autant sur le malaise social et la perte de moral des Français que sur la réforme des retraites, des flambées comme celle d'hier peuvent mettre le feu à la rue.

Demain sera un vrai tournant de l'action des lycéens dont le niveau de participation dira la réalité de la motivation politique. Pour le moment, la jonction n'est pas véritablement faite avec l'opposition à la réforme, ni avec les étudiants, mais cette expression de rejet de la politique du gouvernement ne doit pas être traitée par des formules à l'emporte-pièce. La dérive est toujours possible, surtout que l'on voit bien apparaître l'arsenal habituel de la manipulation. Le jeu est risqué quand on sait que la moindre étincelle peut enflammer la banlieue et déclencher une violence dans laquelle viendraient s'agréger tous les mécontentements.

Le sentiment d'injustice est fort chez les jeunes et leur angoisse réelle quand ils évoquent l'avenir. Mais la sagesse voudrait qu'on leur dise que personne ne connaît de système de retraite qui soit pérenne pour le prochain siècle. C'est une mystification que de chercher à leur faire croire qu'en 2060, dans un monde qui aura changé, la répartition des richesses sera la même.

À l'Élysée, on se souvient sans aucun doute qu'en 2008 il a suffi de quelques hoquets de lycéens pour que Xavier Darcos et sa réforme soient passés par profits et pertes. Comme en témoignent son annonce de modernisation des universités et sa volonté de « mettre le paquet » sur l'emploi des jeunes, le chef de l'État craint les débordements de la contestation qui menacerait le bouclage de sa réforme des retraites.

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