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dimanche 17 octobre 2010

Jean-Claude Trichet: "Il n'y aura pas de second sauvetage des banques"

Le président de la banque centrale européenne est convaincu que les opinions n'accepteraient pas une répétition du scénario de 2008 qui a vu les Etats débloquer des milliards d'euros pour sauver le système bancaire. Il plaidait hier à Marrakech devant les participants de la World Policy Conference pour une plus grande discipline collective.

 
"Il n'y aura pas de deuxième fois" prévient Jean Claude Trichet. Le patron de banque européenne intervenait samedi à Marrakech dans le cadre de la World Policy Conference organisée dans la ville ocre par l'Institut français de relations internationales (IFRI) et consacrée cette année à la gouvernance mondiale. Pour lui, les démocraties du vieux continent "ne supporteraient pas" la répétition du scénario qui les a conduit, lors de la crise de 2008, à mobiliser près du quart de leurs ressources pour sauver un système bancaire au bord de la faillite. D'où la nécessité de tout faire pour réduire la probabilité d'un nouveau choc.  
Sanction "automatique"
Jean-Claude Trichet, qui souhaite un renforcement de la "gouvernance" économique européenne, plaide sans langue de bois pour que des règles contraignantes soient imposées aux Etats européens dans le domaine de la politique budgétaire comme en matière de respect des équilibres.  
Il précise qu'un pays qui ne respecterait pas ses obligations devrait être "automatiquement" sanctionné. Une discipline à ses yeux indispensable pour préserver la monnaie unique dans une Europe qui n'a pas de système fédéral mais qui risque d'être mal perçue par des opinions eurosceptiques...  
Au-delà de la sphère européenne, la crise financière de 2008 a mis en évidence la nécessité de renforcer la gouvernance mondiale. Plusieurs participants aux débats de Marrakech ont insisté sur le rôle nouveau du G20 où se côtoient les grands Etats industrialisés et les principaux pays émergents.  
Jean-Claude Trichet y voit une sorte de "forum naturel" de la gouvernance mondiale, qu'il s'agisse de définir la réglementation à imposer aux banques ou à se mettre d'accord sur des mesures visant à rééquilibrer et stabiliser les taux de change- l'un des principaux défis des mois à venir si l'on veut éviter une "guerre des monnaies" et une nouvelle crise.  
Rapprocher le G20 du Fonds monétaire international
Outre le fait qu'il est représentatif des équilibres économiques du monde, le G20 a un autre atout: son mode de fonctionnement, qui repose sur l'émergence d'un consensus, a conservé un caractère informel, plus souple et plus efficace. Mais il n'a pas de compétence universelle.  
D'où une autre idée, qui commence à poindre, au fil des rapports et des colloques: rapprocher le G20 du Fonds monétaire international, à la condition que celui-ci soit rénové et fasse une plus large place aux pays émergents. Car la crise a aussi rendu plus urgente la réforme d'un système représentatif d'équilibres qui appartiennent au passé. Au sein du FMI comme aux Nations Unies les Etats "qui comptent" au Sud doivent pouvoir faire entendre leur voix.  
Ces pays émergents doivent aussi prendre leur part à la lutte contre les déséquilibres économiques, notamment en développant leur consommation intérieure et pour certains d'entre eux, en réévaluant leur monnaie. Evoqué par plusieurs des intervenants du colloque de Marrakech, le sujet sera au coeur de la prochaine réunion du G20, en novembre à Séoul.  
Rien n'indique cependant que Pékin, que ce discours vise au premier chef, soit prêt à faire un geste significatif. Vice-ministre des affaires étrangères de la République de Chine, Mme Fu Ying ne mâche pas non plus ses mots. Elle ne voit pas pourquoi "ceux qui épargnent" devraient payer pour "ceux qui ne savent pas freiner leurs dépenses". Et elle préfère décrire la Chine comme un pays "en voie de développement" plutôt que comme une puissance économique mondiale.  

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