TOUT EST DIT

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jeudi 16 septembre 2010

Santé : la ligne de crête

Polémique garantie, tangage assuré : les mesures en préparation sur l'assurance-maladie vont faire du bruit, et personne ne s'en étonnera. La hausse d'un demi-point du ticket modérateur sur tous les actes, la baisse à 30 % du taux de prise en charge des médicaments aujourd'hui remboursés à 35 % et la fin de la gratuité systématique des frais de transport pour les patients atteints d'une affection de longue durée : chacun de ces dispositions est ultravisible et symbolique. Avec quelques autres encore, elles représentent un effort, non négligeable, de 2,6 milliards, qui seront demandés aux assurés, aux mutuelles et aux industriels. Le gouvernement doit donc se préparer à ce que les critiques fusent d'un peu partout. Il ne peut ignorer non plus que son plan, dans l'esprit d'une partie des Français, s'ajoutera à la réforme des retraites et aux mesures fiscales dévoilées petit à petit ces dernières semaines.

Et pourtant. Tous ceux qui vont pousser des hauts cris dans les jours qui viennent auraient intérêt à avoir en tête quelques données bien précises même si elles sont moins « parlantes » médiatiquement. A l'heure actuelle, les dépenses d'assurance-maladie s'élèvent à environ 150 milliards d'euros. Le déficit de la branche dépasse chaque année 10 milliards. Cela veut dire que 1 euro sur 12 d'une dépense courante n'est pas financé. Alors, entend-on souvent, relevons les prélèvements et notamment la CSG ! C'est si tentant... Encore faut-il rappeler et marteler que la France est le pays qui affiche déjà les dépenses de santé financées par l'impôt (au sens large) les plus élevées de l'ensemble du monde développé (8,7 % du PIB, devant le Danemark). Et qu'elle occupe la deuxième place (derrière les Etats-Unis) si l'on rajoute le financement privé. Voilà qui devrait éviter, si le débat était serein, le procès tellement convenu sur la paupérisation et la privatisation de notre système de santé. Les Français les plus déshérités seront d'ailleurs épargnés par les nouvelles mesures grâce à la CMU.

L'idée d'un « grand soir » de l'assurance-maladie étant largement utopique, il ne reste, hélas, que le travail besogneux, peu gratifiant et risqué des économies au fil de l'eau. Serrer un peu plus ici pour financer des scanners là, imposer ici un effort pour fournir là aux hôpitaux des médicaments ultracoûteux. Nul ne doute que le plan présenté pourra être amélioré sur tel ou tel point. Mais il a la vertu de maintenir les dépenses sur la ligne de crête de la maîtrise. Retraites, budget, santé : Nicolas Sarkozy a manifestement décidé, dans la dernière ligne droite, de ne pas arrêter d'agir - quitte à encaisser des coups. En matière économique et sociale, ce n'est pas le moins courageux.




Dominique Seux

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