Scandalisé par les propos de la commissaire européenne Viviane Reding, qui s'est ensuite excusée, Nicolas Sarkozy lui suggère de prendre quelques Roms dans son pays, le Luxembourg
Nicolas Sarkozy serait « très heureux si le Luxembourg pouvait aussi accueillir quelques Roms ».Allusion à la nationalité de la commissaire Viviane Reding qui avait établi mardi un lien entre sa politique à l'égard des Roms et les déportations de la Seconde Guerre mondiale.
Les propos du Président français ont néanmoins porté: Viviane Reding a baissé d'un ton hier en s'excusant pour la comparaison avec la déportation des juifs: «Ce n'était pas mon intention».
Autant dire que la crise entre la France et Bruxelles sur le dossier Roms a pris une autre dimension. Scandalisé par les propos de la commissaire européenne, Nicolas Sarkozy réplique, et de façon ferme : « il est scandaleux (...) que l'Europe s'exprime de cette façon sur ce que fait la France » a-t-il dit aux sénateurs. Il devra aujourd'hui s'en défendre à Bruxelles à l'occasion du sommet européen devant ses homologues européens. D'ores et déjà François Fillon s'est rendu hier, dans une logique d'apaisement, à Bruxelles au dîner du Parti populaire européen (PPE), de droite et majoritaire à Strasbourg, pour « défendre et expliquer la position » de Paris sur les Roms. De même Bernard Kouchner, le chef de la diplomatie française a tenté de calmer le jeu hier en déclarant que Mme Reding ne s'était pas exprimée « au nom du Luxembourg ».
Mais le gouvernement luxembourgeois attend Nicolas Sarkozy de pied ferme. Cette crise d'une rare violence avec la Commission européenne couvait depuis le mois d'août et le durcissement de la politique sécuritaire de la France à l'égard des Roms en situation irrégulière (un millier d'expulsés depuis le mois de juillet, des dizaines de camps illicites démantelés). Elle a éclaté cette semaine à la suite des révélations sur l'existence d'une circulaire - annulée depuis - ciblant spécifiquement les Roms pour les renvois, en contradiction d'engagements donnés auparavant à Bruxelles. Mais Nicolas Sarkozy, risquant pourtant d'isoler la France, entend porter la controverse au sommet européen qui se tient à Bruxelles aujourd'hui. Un sommet qui s'annonce difficile pour rassembler les dirigeants autour de projets communs.
Silvio Berlusconi soutient clairement la France dans le dossier Rom. Le Président du Conseil italien a estimé en effet hier que Mme Reding «aurait mieux fait de traiter le sujet en privé avec les dirigeants français avant de s'exprimer publiquement», dans un entretien au quotidien Le Figaro.
En revanche, le président de la Commission José Manuel Barroso maintient son soutien à Mme Reding assurant hier qu'elle «n'a pas voulu établir un parallèle entre ce qui s'est passé durant la deuxième Guerre mondiale et la période actuelle» et lui a apporté son soutien sur le fond. «La loi communautaire doit être respectée».
Cherchant cependant l'apaisement avec Paris, M. Barroso a pris «note» des déclarations des autorités françaises «selon lesquelles la France estime que le moment du dialogue est venu».
De même, les Etats-Unis «invitent la France et d'autres pays à respecter les droits des Roms», a déclaré hier un haut responsable du département d'Etat sous couvert de l'anonymat.
La défense des droits des Roms contre les discriminations dont ils sont la cible en Europe est une priorité de l'administration Obama, avait affirmé le 8 avril Hillary Clinton, la chef de la diplomatie américaine.
Mais dans quel pays virtuel vit-on ? Hier soir, le ministre du Travail et de la polémique, Eric Woerth, se disait « fier du débat sur les retraites » et les députés d'opposition fanfaronnaient après leur chahut monstre à l'Assemblée. Avec ça, nos retraites seront équitables et garanties ! Hier, sur ce pénible dossier Roms, une commissaire européenne s'excusait d'une comparaison outrancière avec la Shoah, et le Président de la république française moquait le petit Luxembourg. Avec ça, l'Europe se construit, se rapproche du citoyen et règle la question Rom. La France d'en haut, celle des gouvernants, des riches et des célèbres, devient un pays virtuel au climat malsain et aux paysages hallucinants : la grève des millionnaires du football; la valse des milliards de Liliane Bettencourt, son revenu quotidien de 288 000 euros, son héritier photographe qui ose défiler avec les smicards et les petits fonctionnaires dans les manifs; les milliers d'euros de frais de coke de Jean-Luc Delarue; les affaires, les mensonges, les coups tordus, visibles en ce moment dans la majorité de droite, mais jamais très loin à gauche; les ambitions, les caprices, les aventures de Carla, enfant triste et gâtée devenue première dame, étalée dans des livres. On n'a hélas pas encore tout vu. Regardons plutôt la France réelle. Le vrai pays, on le découvre dans les bureaux des directeurs de ressources humaines des entreprises et des mairies, aux boîtes mail saturées de lettres de motivation, de demandes de stage, de flots de CV. Le pays réel, c'est le chômage, c'est l'hôpital public en déshérence, les campagnes désertées par les médecins et les dentistes, les cités devenues inaccessibles aux policiers, les paysans qui ne parviennent plus à vivre de leur terre, les conseils généraux au bord de la cessation de paiement sous la pression des prestations sociales, les ouvriers contraints de voter la baisse des salaires pour sauver leur emploi, les salariés qui peinent à obtenir des prêts et à acheter un logement, les étudiants qui triment au fast-food après les cours. Le constat serait pessimiste et populiste si ne s'étalait sous nos yeux d'un côté ce spectacle permanent et cynique, sans morale ni retenue, et de l'autre ce désarroi et ces interrogations. Cette rupture entre pays virtuel et pays réel, venue de très loin, peut se traduire par une résignation fataliste, un repli réactionnaire, une poussée révolutionnaire. Bref, ce climat n'augure rien de bon.
1 commentaires:
C’est nous, les Roms.
Qui avons découvert que la Terre est plutôt ronde.
Qu’on ne peut se fixer nulle part, que la vérité est vagabonde.
Qu’on ne vit et meurt jamais seuls, si on épouse chaque seconde.
Que l’éternel détour signifie qu’il n’y a pas d’arrière monde.
Nous tenons à cette caravane dans laquelle nous faisons le tour du monde.
Avec nos misères et nos chimères, nous faisons table ronde.
Ce que nous désirons par-dessus tout, c’est la fin du monde.
Nous y serons, parce que nous brûlerons après tout le monde
Cessez de nous chasser et de vous prendre pour le centre du monde.
Avec 300 euros, nous avons juste assez pour vous trouver immondes.
http://www.tueursnet.com/index.php?journal=Balle%20de%20Roms
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