TOUT EST DIT

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jeudi 16 septembre 2010

Bras de fer

Les députés de gauche n'ont pas réussi le coup qu'ils avaient concocté, mais ils en ont réussi un autre. La loi sur les retraites a été adoptée hier à l'heure dite, alors qu'ils voulaient retarder le train législatif en espérant le faire dérailler dans une semaine sous la pression de la rue, et un peu plus tard au Sénat. Le président de l'Assemblée a sauvé la mise à l'impatient Nicolas Sarkozy en leur coupant le sifflet, mais il leur a offert l'occasion d'un autre combat. Dans une Assemblée enflammée comme aux plus beaux temps de la IIIe ou de la IVe, la gauche est montée au front pour siffler le pauvre président Accoyer, réclamer sa démission, et dénoncer la « République abîmée » par Nicolas Sarkozy.

De ce politico-drame porté à l'incandescence, la gauche espère tirer un bénéfice politique en se raccrochant à sa manière au mouvement syndical et à la majorité des Français opposés à cette réforme. Elle veut croire que l'affaire n'est pas jouée et qu'il est encore possible de rééditer le coup du CPE, voté puis abrogé. Mais au temps du Premier ministre Villepin et du président Chirac, il y avait à la manoeuvre de sabotage au sein même de la droite, un certain? Nicolas Sarkozy !

Le président est donc bien placé pour savoir qu'un couac est possible. Il prend soin cette fois-ci de verrouiller où il le peut, comme à l'Assemblée, ou de déminer là où il ne peut pas faire autrement. C'est le cas au Sénat où, faute de majorité, il n'est pas à l'abri d'une surprise. D'où sa promesse aux sénateurs qu'ils auront une petite marge de manoeuvre pour amender cette réforme qui en gêne quelques-uns.

Comme un seul front ne lui suffit pas, le président bagarreur en a ouvert un autre, avec la Commission européenne soutenue par l'Allemagne. Ulcéré d'être rappelé à l'ordre par Bruxelles, dans des termes il est vrai excessifs, le président a répliqué sur un ton qui ne peut qu'aggraver la crise naissante avec la Commission. En instruisant son procès en illégitimité alors qu'elle est la gardienne des traités, Nicolas Sarkozy engage la France sur une mauvaise voie. Pour limiter les dégâts, il est temps de calmer le jeu. C'était la mission hier soir de François Fillon. Décidément.

XAVIER PANON

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