TOUT EST DIT

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vendredi 10 septembre 2010

Pouvoir de nuisance

La provocation stupide d’un groupe extrémiste, dans un coin d’Amérique, provoque une tornade diplomatique qui en dit long sur les relations entre le monde occidental et le monde musulman. La menace de brûler le livre sacré de croyants d’une autre religion ne mériterait qu’une ferme condamnation et le mépris. Avec la certitude, hélas, qu’ailleurs dans le monde des bibles et des lieux de culte de différentes confessions sont détruits sans que l’opinion en soit avertie ou s’en émeuve. Le fanatisme religieux ne connaît pas de frontières, mais l’hyperréactivité de certains courants islamistes incite à la vigilance.

Ce que craignent les autorités internationales, dont le président Obama (au-delà de l’atteinte à la liberté religieuse dénoncée par le Vatican), c’est la force de démultiplication que permettent les réseaux de communication modernes. On l’a vu avec l’affaire des caricatures de Mohammed ; on imagine les photos d’un coran brûlé en place publique circuler sur la Toile, donnant l’illusion que toute l’Amérique est derrière cette profanation : de quoi provoquer la colère de musulmans, sincèrement choqués ou largement instrumentalisés. Même si l’ensemble du monde occidental exprime sa désapprobation, même si aucune profanation, aussi odieuse soit-elle, ne justifie l’usage de violences.

Un sentiment anti-islam semble monter aux États-Unis, sentiment que connaît également l’Europe : le référendum en Suisse sur l’interdiction des minarets pour les mosquées ; la montée de l’extrême droite dans plusieurs pays ; les débats sur la burqa ou la polygamie en France… Tandis que s’illustre à maintes occasions la haine des extrémistes musulmans vis-à-vis de l’Amérique et de l’Occident en général, engagés dans une guerre en Irak et en Afghanistan.

Il suffit d’un groupe minoritaire pour prendre au piège tous ceux qui aspirent à apaiser les tensions en refusant le choc des religions et des civilisations. Ne rien en dire, ce serait prendre le risque d’une exploitation de l’autodafé par les islamistes. Le condamner aussi solennellement, c’est donner bien de l’importance à un groupe marginal et renforcer les extrémistes de tous bords dans leur pouvoir de nuisance. Le 11 septembre 2001, décidément, n’en finit pas de creuser ses plaies.



Dominique Quinio

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