TOUT EST DIT

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vendredi 10 septembre 2010

Haro sur Drouot

Un choc salutaire. C'est peut-être ce qu'aura été pour le marché de l'art français la découverte à Drouot du vol d'un Courbet par des manutentionnaires indélicats l'an dernier. Il faut l'espérer en tout cas. Car les conclusions du rapport commandé à l'époque par la garde des Sceaux et dont « Les Echos » dévoilent l'essentiel, sont accablantes pour la vénérable salle des ventes. Elles mettent au jour l'archaïsme de tout un système qui, face au dynamisme des grandes maisons internationales, semble d'un autre âge.

Alors, bien sûr, Drouot n'est pas sur le point de s'effondrer. 5.000 visiteurs s'y pressent encore chaque jour et le site reste l'un des premiers lieux de vente au monde. Mais, sauf rare exception, ce n'est plus là que les grandes oeuvres se vendent, un certain nombre d'enchères portant sur des marchandises de faible valeur, la « drouille » dans le jargon maison. Résultat, faute d'une locomotive digne de ce nom, la France ne cesse de rétrograder sur un marché de l'art qui n'a pourtant jamais été aussi dynamique. En 2009, sa part s'est limitée à 7 % !

Il faut donc savoir ce que l'on veut. On peut estimer qu'il est important de ne pas bousculer les habitudes des 400 commissaires-priseurs du pays, et tout particulièrement celles des 70 qui se partagent le gâteau Drouot. On peut aussi juger qu'il est temps d'inverser la tendance. Que la France peut légitimement prétendre capter une partie plus importante du marché de l'art. Dans ce cas, les moyens de réveiller la belle endormie sont connus. D'abord un toilettage des statuts de la profession, ensuite une révision de la fiscalité, enfin une modification radicale de la gouvernance de Drouot, c'est-à-dire la suppression du verrou qui empêche un actionnaire de détenir plus de 5 % du capital de la salle des ventes, afin d'ouvrir la voie à l'arrivée d'un actionnaire de référence. Le véhicule de cette réforme aussi est identifié. Il s'agit du texte de transposition de la directive Bolkenstein, qui doit venir devant l'Assemblée nationale prochainement.

Mais pour imposer ces changements, il faudra sans doute plus que la méthode douce prônée par la garde des Sceaux. L'échec criant de la demi-réforme de juillet 2000 montre que la capacité de résistance de la frange la plus conservatrice de la profession est très grande.



Francois Vidal

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