TOUT EST DIT

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mardi 14 septembre 2010

L'agriculture a besoin d'un plan stratégique

« SOS on coule! » C'était, il y a quelques mois, l'appel au secours de la FNSEA, le premier syndicat agricole français. Malgré un plan de sauvetage en partie basé sur de nouveaux prêts aux agriculteurs, qu'il faudra bien rembourser, la situation s'est encore aggravée. C'est encore plus vrai dans l'Ouest, première région de production animale en France. En Normandie, l'an dernier, les revenus des agriculteurs ont chuté de près de 60% et de près de 50% en Bretagne. Très sensibles au prix de l'alimentation animale, les éleveurs voient, depuis le début de l'été, le prix des céréales s'envoler.

C'est dans ce contexte difficile que Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture, devrait annoncer, ce matin, au Space, le salon international de l'élevage, à Rennes, un plan stratégique pour relancer des éleveurs plongés dans la tourmente.

Des conjonctures difficiles, les agriculteurs en ont connu d'autres. Mais, cette fois, le mal est plus profond. La première puissance agricole européenne doit relever un triple défi : affronter des concurrents plus agressifs, aider les agriculteurs à se réconcilier, anticiper la réforme de la Politique agricole commune. Le tout dans un contexte budgétaire tendu.

Défi économique. L'élargissement de l'Europe a entraîné une redistribution des cartes. De nouveaux concurrents poussent à l'Est. L'Allemagne, de son côté, récolte les fruits d'une stratégie offensive. Face aux risques liés à la remise à plat de la politique agricole européenne et aux incertitudes de la mondialisation, elle a doté ses agriculteurs d'amortisseurs. Ils carburent aux énergies renouvelables quand la filière de méthanisation française en est encore à ses balbutiements.

Défi syndical. L'agriculture reste une exception dans le paysage social. C'est le seul secteur où les syndicats minoritaires, qui représentent plus de 40% des voix, ne participent pas aux négociations interprofessionnelles, tout en voyant leurs adhérents soumis à des cotisations volontaires obligatoires dont ils ne profitent pas. Tous les ministres, droite et gauche confondues, ont calé face à l'opposition résolue de la FNSEA. Entraînant ainsi une radicalisation du discours des autres syndicats : Confédération paysanne et Coordination rurale. Alors même que les agriculteurs, moins nombreux dans la société, devraient se rassembler pour faire face aux échéances cruciales de la nouvelle Politique agricole commune.

Défi européen. La France a longtemps campé sur des positions intransigeantes à Bruxelles, défendant pied à pied un volume de subventions. C'est d'un plan stratégique dont elle a, aujourd'hui, besoin. Demain, la Politique agricole commune devra d'abord être une politique alimentaire capable de répondre aux incertitudes du réchauffement climatique. En s'appuyant sur la richesse des écosystèmes pour diminuer la consommation de pesticides et moins dépendre du pétrole. C'est, en tout cas, le message de Dacian Ciolos, le nouveau commissaire européen à l'Agriculture.

L'environnement est au coeur de cette nouvelle politique. La France aurait tort de l'oublier. À condition de l'inscrire dans une logique dynamique et moins tatillonne sur le plan administratif, elle ne manque pas d'atouts. Partout, des initiatives fleurissent. Des agriculteurs expérimentent, innovent en lien avec la recherche. Un nouveau monde est en germe. Reste à l'accompagner pour l'aider à se développer.



Patrice Moyon

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