TOUT EST DIT

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lundi 13 septembre 2010

Direction de l'UMP : les trois cartes de Nicolas Sarkozy

Le chef de l'Etat ne va pas seulement changer de gouvernement à l'automne. Il souhaite remanier la direction de l'UMP afin de refaire de la formation une machine de guerre pour la campagne présidentielle. Trois hypothèses sont actuellement envisagées.
C'est l'autre remaniement à venir. Et il est, aux yeux de Nicolas Sarkozy, tout aussi important que celui qui affectera le gouvernement. A moins de deux ans de la présidentielle, le chef de l'Etat veut donner un nouveau souffle à l'UMP. Encore lui faut-il pour cela trouver l'homme idoine. Faire confiance à Jean-François Copé, l'homme pressé, offrir l'appareil à François Fillon, le secret, ou maintenir à son poste Xavier Bertrand, le dévoué. Telles sont les hypothèses actuellement à l'étude à l'Elysée, qui observe à distance les positionnements des uns et des autres. « Dans le jeu de taquin actuel, c'est le sujet clef », confie un ministre qui insiste : « Le jour où vous donnez les clefs du parti, vous donnez les clefs de votre propre vie. »

Leurs relations ont longtemps été tendues ; pourront-ils marcher main dans la main ? Pour Nicolas Sarkozy, propulser Jean-François Copé est à la fois tentant et risqué. A la tête du groupe des députés UMP et avec son club Génération France, Jean-François Copé a fait la preuve de son dynamisme et de sa capacité à avancer des idées. « J'ai une marque de fabrique », s'enorgueillit-il. D'un autre côté, bien des sarkozystes doutent encore de sa bonne foi, trouvant un peu surjouée sa promesse de tout faire pour assurer la réélection du chef de l'Etat sortant. Le chef de file des députés UMP a en tout cas changé son fusil d'épaule et convoite ouvertement le parti, lui qui avait juré qu'il « ne bougerait pas » de son poste à l'Assemblée, puisque ses « amis députés » l'ont « élu à leur tête pour cinq ans ». La question demeure : déjà candidat pour 2017, Jean-François Copé a-t-il véritablement intérêt à une victoire de Nicolas Sarkozy en 2012 ? « Si tu lui donnes les clefs du parti, pense à faire un double », avait glissé Jean-François Copé au chef de l'Etat, lorsqu'il avait confié l'UMP à Xavier Bertrand. L'actuel porte-parole adjoint de la formation majoritaire, Dominique Paillé, a déjà prévenu : « Si Jean-François Copé prend l'UMP, inutile de garder un double : il aura déjà changé les serrures. »

L'hypothèse Fillon au secrétariat général de l'UMP, envisagée par Nicolas Sarkozy, « résout beaucoup de problèmes en même temps », souligne un ministre. Plus légitimiste que Jean-François Copé et aussi populaire que lui chez les parlementaires, François Fillon qui a été secrétaire national aux fédérations du RPR, connaît la mécanique partisane. Il n'a donné aucun signe sur ses intentions mais aurait d'entrée, dixit un proche, une « autorité » sur le mouvement. L'arrivée d'un Premier ministre sortant à la tête de l'UMP ne sonnerait pas comme un désaveu de Xavier Bertrand. Et, même si 55 % des Français souhaiteraient voir François Fillon rester Premier ministre selon un sondage Ifop pour le « JDD », lui confier l'UMP serait, pense-t-on à l'Elysée, un moyen pour Nicolas Sarkozy, de tenir dans son giron un homme qui apparaît de plus en plus comme un recours à droite. Il y a bien eu des accrochages entre le président et le chef du gouvernement, mais ce dernier a (presque) toujours fini par s'incliner. Pour l'avenir, la question est bien là : si François Fillon prend les rênes de l'UMP, acceptera-t-il d'être aussi discipliné qu'à Matignon, alors qu'il prend désormais plaisir à assumer ses « différences » avec Nicolas Sarkozy ? Et, s'attellera-t-il pour le compte d'un autre, à la tâche ingrate d'animateur d'un appareil politique ? Même parmi ses proches, les avis sont partagés.

Les risques inhérents aux options Copé et Fillon pourraient éventuellement conduire le chef de l'Etat à choisir le statu quo. Laisser le député de l'Aisne, son ex porte-parole de campagne et ex-ministre du Travail à la tête du parti présente pour Nicolas Sarkozy un avantage : Xavier Bertrand est d'une fidélité sans faille. Depuis 2007, et plus encore depuis qu'il a été propulsé à la présidence de l'UMP en 2009, l'ex-chiraquien a mis ses pas dans ceux du chef de l'Etat. Sans jamais dévier de la ligne, ni faire entendre une autre musique que celle du chef de l'Etat, quels que soient les changements de partition. Mais Xavier Bertrand est-il encore le mieux placé pour faire fonctionner la machine de guerre que doit être l'UMP dans une campagne présidentielle ? Même chez les très proches de Nicolas Sarkozy, certains en doutent. Le secrétaire général s'est sans conteste bien acquitté de la tâche ingrate qui consiste à faire le tour des fédérations pour les mobiliser. Mais il n'a pas pu enrayer la baisse du nombre d'adhérents et n'est guère parvenu à alimenter la boîte à idées. Surtout, il n'a pas réussi à contrebalancer, comme le souhaitait l'Elysée, l'influence prise par Jean-François Copé… celui-là même qui a lancé l'offensive contre son maintien à l'UMP.


ELSA FREYSSENET ET PIERRE-ALAIN FURBURY

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