TOUT EST DIT

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mardi 24 août 2010

L'habitant, l'étudiant et le stratège

L'idée ne va pas de soi : les Français sont de mieux en mieux logés. Les logements sont plus récents. Un ménage sur neuf vit dans une maison ou un appartement de moins de dix ans. Ils sont aussi plus grands. En vingt ans, la superficie moyenne par habitant a progressé d'un tiers pour atteindre 36 mètres carrés - et la progression se retrouve aussi dans le logement social. Et ils n'ont jamais été aussi confortables. En trente ans, la proportion de Français s'estimant mal logés a diminué de moitié, pour tomber à 6 %.

Et pourtant, il y a un malaise, qui engendre régulièrement des poussées de misérabilisme. Il manque en France des centaines de milliers de logements - plus d'un million, selon certains experts. Et il y a aussi des centaines de milliers de logements vacants. Entre les deux, il n'y a pas seulement l'égoïsme de quelques propriétaires refusant de louer leur bien pour d'obscures raisons, il y a surtout une inadéquation entre l'offre et la demande. Les toits disponibles sont le plus souvent à la campagne. Et les locataires cherchent un toit en ville, là où il y a du travail et des transports. Autour de Paris, un logement sur quatre est surpeuplé.

Il est bien sûr possible d'accuser un marché qui serait incapable d'ajuster l'offre à la demande. En l'occurrence, c'est la responsabilité des pouvoirs publics qui est d'abord engagée. Car la construction de logements bute en France sur un effroyable blocage foncier. Rien, ou presque rien, n'est fait pour libérer des terrains en ville. Il est certes beaucoup plus facile de transformer d'un trait de plume des champs en terrains à bâtir en région rurale. Ou d'entretenir des niches fiscales qui poussent à construire des immeubles au petit bonheur la chance sans guère se soucier de leur utilité. Mais une vraie politique du logement consisterait à détecter les besoins à long terme, à définir les moyens de les satisfaire puis à prendre des mesures incitant collectivités locales, constructeurs, propriétaires et ménages à aller dans la bonne direction.

L'incapacité de l'Etat à jouer son rôle d'aiguillon à long terme se retrouve dans un domaine très différent où l'on peut déplorer exactement la même inadéquation entre l'offre et la demande : l'enseignement supérieur. La machine universitaire produit chaque année des dizaines de milliers de diplômés sans la moindre perspective d'emploi, tandis que des entreprises ne trouvent pas les compétences nécessaires à leur développement. Pour le logement comme pour l'université, la solution est la même : elle passe par un Etat stratège.



Jean-Marc Vittori

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