TOUT EST DIT

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mardi 24 août 2010

La pénitence de Saint-François

Cette fois, c'est l'artillerie lourde, même sans divisions. Le pape ! Comme il fallait s'y attendre, le débat sur l'expulsion des Roms dérive chaque jour un peu plus vers le scandale. Voilà le gouvernement piégé, bien obligé d'écouter les remontrances à peine voilées du chef de l'Église catholique. Le voilà contraint à prendre en pleine figure la médaille du mérite d'un prêtre en colère au profil d'abbé Pierre qui souhaite que le cœur de Nicolas Sarkozy fasse boum, comme dirait Trénet, avant de se reprendre. Voilà un ministre qui invoque la loi de 1905 et la séparation des églises et de l'État pour dénier aux responsables religieux la liberté d'émettre un avis sur un fait politique au mépris même de l'esprit de la laïcité à la française. Un désastre. Et pas seulement politique : intellectuel et moral, aussi.
François Fillon, lui, a pris bien soin de se tenir à l'écart de ce dossier pourri. A-t-il pensé que l'été sécurité, c'était une mauvaise idée ? Sans doute. Lui aurait sans doute préféré que l'Élysée resta concentré sur l'essentiel : l'économie, la réduction des déficits, la réforme des retraites...
L'offensive menée par les deux porte-flingues de Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux et Christian Estrosi, a dû sembler aussi vulgaire qu'encombrante à ce gaulliste social. Depuis 2007, il en a avalé des couleuvres, et bravement, mais il a manifestement refusé de digérer celle-là. Il n'a pas dit mot, ou presque, et à aucun moment n'a repris au compte de l'action gouvernementale les initiatives musclées du ministre de l'Intérieur et du ministre-maire de Nice.
Les vacances en Italie ont eu du bon. Ah, que la barrière des Alpes fut secourable. Le Premier ministre a mis son âme à l'abri au soleil de Toscane, heureux de ne pas risquer de se salir les mains pour rien. S'il n'est pas reconduit à l'automne, il aura au moins sauvé sa réputation, et son image.
Seule inquiétude : l'hypothèse de son départ - quasiment certain fin juillet - est remis en question par les bons sondages dont il est crédité en cette fin août. Le président hésiterait désormais à se séparer de ce chef de gouvernement plus populaire que prévu pour le remplacer par une MAM à l'avenir médiatique plus incertain. Le choix de le maintenir finalement à son poste ne serait pas forcément un cadeau bienvenu. Il obligerait François Fillon à endosser une orientation dure qui est étrangère à son tempérament comme à ses convictions. Jusque-là, Matignon n'a pas été l'enfer qu'on lui promettait. Si on ne le laisse pas en partir, il pourrait bien le devenir.

Olivier Picard

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