TOUT EST DIT

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jeudi 26 août 2010

L'embellie de l'emploi et son ombre

Cette fois-ci, le gouvernement a raison de se réjouir de la baisse du chômage en France. Le nombre de demandeurs d'emploi a diminué en juillet pour le deuxième mois d'affilée. L'ascension semble enfin enrayée, après un bond de 700.000 en deux ans. Ce renversement s'inscrit logiquement dans un paysage de l'emploi redevenu plus favorable : création de plus de 60.000 postes en six mois, recul des plans sociaux, dynamisme de l'intérim, signaux encourageants du côté des cadres, reprise de l'embauche des jeunes, et même difficultés à recruter dans une entreprise industrielle sur cinq. Il est certes trop tôt pour crier victoire. Le halo du chômage s'étend encore sur 4 millions d'hommes et de femmes dont 2,7 millions de sans-emploi. L'activité n'est pas assez assurée dans les prochains mois pour garantir la poursuite du reflux mois après mois. Et la grande majorité des Français continue à s'inquiéter de la situation du marché du travail, redevenue leur premier souci. Mais il y a clairement une embellie. Et le gouvernement est légitime à en revendiquer une part, ne serait-ce que sur l'emploi des jeunes soutenu par la création de dizaines de milliers de contrats aidés.

Le regain de l'emploi est d'autant plus encourageant que l'activité reste molle. Au-delà des aléas trimestriels, la production est sur une pente de progression de 1,5 %, et c'est sans doute le maximum atteignable pour au moins deux ou trois ans. Or cette pente était considérée jusqu'à présent comme le seuil de déclenchement de l'embauche. Il semble aujourd'hui que la France soit capable de créer du travail en deçà.

Cette bonne nouvelle toutefois a son revers. Car les postes créés sont souvent fragiles, proposés en intérim ou en contrat à durée déterminée. Avec la crise, la distance s'est creusée entre le noyau dur de l'emploi - des postes plutôt sûrs, avec des salaires corrects -et la périphérie. Comme l'expliquent les économistes Pierre Cahuc, Tito Boeri et Samuel Bentolila sur le site Voxeu.org, les réformes adoptées ces dernières années pour assouplir le marché du travail, en France comme ailleurs en Europe, ont exercé leurs effets uniquement sur cette périphérie. La situation est tendue chez ceux qui n'ont pas encore franchi les couches successives de l'emploi stable - un jeune actif sur quatre est au chômage. Elle l'est aussi chez ceux qui en ont été exclus - le chômage continue de progresser chez les plus de 50 ans, ce qui ne facilite pas le recul souhaitable de l'âge de la retraite. Pour revenir à plus d'équité, il faut compléter les réformes en refermant l'éventail des statuts du travail, qui vont aujourd'hui de la sécurité absolue à la précarité totale. Une embellie de l'emploi devrait profiter à tous.



Jean-Marc Vittori

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