Trois quarts des jeunes, 72 % des 18 à 25 ans, disent « penser politiquement » comme leurs parents. Seul un quart déclare ne pas s'inscrire dans leur filiation, qu'elle soit de droite ou de gauche. Ils ne sont en revanche que 5 % d'une génération à s'opposer aux choix idéologiques de leur père et/ou de leur mère.
Ce constat fait par Anne Muxel, directrice de recherche au CNRS, est intéressant à un double titre.
D'abord, comment se construisent les choix des jeunes ? La famille continue d'être le creuset de leur identité politique, même s'ils négocient avec cet héritage, y compris pour le rejeter. L'école transmet des savoirs qui participent à la formation d'une culture politique, mais elle compte beaucoup moins que la famille. Viennent ensuite les rencontres avec les événements qui marquent une époque. On se souvient, par exemple, de la mobilisation, en 2006, contre le CPE (contrat première embauche). Enfin, les échanges avec les amis, les proches, les relations de travail ont une influence sur les trajectoires politiques.
Le jeune est de plus en plus en négociation avec son environnement immédiat, et il est de moins en moins porté par des collectifs et des organisations constituées. Il veut conserver un libre arbitre, une marge de manoeuvre, il est moins prêt qu'auparavant à épouser une seule et même ligne. L'interactivité des réseaux sociaux (Facebook, Twitter) lui va mieux que l'écoute d'un discours unique.
En dix ans, les filiations de gauche et de droite ont diminué de 7 points (passant de 49 %, en 1997, à 42 % en 2007), tandis que le positionnement « apolitique » a progressé de 6 points, passant de 22 à 28 %. Cette évolution pose la question : comment la conscience politique des nouvelles générations va-t-elle se forger ?
Le monde des adultes peut-il se passer de la lecture critique des jeunes alors que, toutes catégories sociales confondues, leur soif de justice, de tolérance, de respect de l'environnement ou de liberté semble constituer une « culture commune » (Ipsos-mars 2009) ? Les responsables politiques doivent, face à cette génération, relever un défi : ils doivent s'adresser à de futurs citoyens qui se font de moins en moins d'illusions sur leur représentation démocratique, mais dont les aspirations, humanistes ou écologistes, constituent un terreau fertile pour de vrais débats.
L'engagement de la nouvelle génération est « à la fois plus réflexif et plus flexible », résume Anne Muxel. Aux adultes de prendre le temps de les éclairer, et surtout de leur donner une vraie place dans le débat politique.
Jean-Michel Djian
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